Science-fiction

Le vaisseau spatial, nouvelle maison hantée

Oubliez les anciens manoirs de l’époque victorienne, les cabanes abandonnées au milieu de sombres forêts ou bien les temples antiques qui tombent en ruine… Car c’est un autre lieu qui risque désormais de hanter vos nuits : le vaisseau spatial !

Les peurs cosmiques

Le terrain de jeu, déjà, est en lui-même terrifiant. L’espace. Vu depuis la Terre, par une belle nuit d’été, l’espace est une grande toile de maître, parsemée de milliers d’étoiles qui sont autant d’invitations à des voyages à tout jamais impossibles à entreprendre. De là-haut, en revanche, c’est une autre affaire. Le vide, le froid, la solitude – tout cela loin de la Terre, cette petite bille bleue perdue dans l’immensité de la nuit. Et il faut aussi compter avec les distances, démesurées, qui séparent les étoiles les unes des autres, les planètes les unes des autres. Un environnement particulièrement inhospitalier pour l’homme, qui doit en plus affronter la microgravité.

Et bien sûr, la fuite est impossible. C’est un poncif parfois agaçant des films d’horreur traditionnels : le héros refuse de quitter la maison hantée après plusieurs nuits d’effroi, pour une raison plus ou moins valable et surtout parce qu’il faut bien faire avancer le scénario. Dans l’espace, il n’y a rien que du vide autour du vaisseau. Il faut se munir d’une combinaison pour en sortir. La seule issue, c’est l’éventuelle capsule de survie, mais encore faut-il réussir à la rejoindre !

Les noirs tréfonds du cosmos… (crédits : NASA / ESA / S. Beckwith / HUDF)

Un vaisseau spatial hanté est effrayant parce que les monstres qu’il abrite sont bien plus crédibles que les éternels fantômes terrestres. Une intelligence artificielle devenue folle ? Après tout pourquoi pas : certains scientifiques mettent déjà en garde leurs pairs contre les progrès vertigineux des intelligences artificielles. Une forme de vie extraterrestre belliqueuse ? Là encore, rien d’impossible, et nous ignorons tout des horreurs potentielles qui se dissimulent dans les ténèbres du cosmos…

Car il faut bien le reconnaître, ces deux thèmes sont quasiment les seuls utilisés depuis leur démocratisation dans deux œuvres fondatrices, 2001 : L’Odyssée de l’espace (Stanley Kubrick, 1969), qui n’est évidemment pas un film d’horreur, et Alien (Ridley Scott, 1979). En fait, pour caricaturer, on pourrait presque dire que toutes les œuvres qui ont suivies ne sont que d’éternelles réécriture de ces deux chefs-d’œuvre qui résument les peurs modernes.

Shodan, l’intelligence artificielle démoniaque du jeu System Shock 2.

De la science à l’écran

Le fait que ces œuvres se déroulent dans des environnements souvent futuristes et forcément ultra-technologiques ne fait pas forcément obstacle à la fantaisie visuelle. Le vaisseau Nostromo, dans Alien, est un gigantesque cargo interstellaire aux allures de cathédrale gothique, dont l’intérieur est un labyrinthe qui devient de plus en plus sombre et poisseux, à mesure que la créature s’empare des lieux. Dans le segment Magnetic Rose de l’anime Memories (1995), une station spatiale abandonnée est possédée par une intelligence artificielle qui se prend pour une diva d’opéra. Venue à la rescousse, une équipe d’astronautes découvre des jardins luxuriants, des statues de marbre et des pièces remplies de mobilier typique du XIXe siècle… Le jeu-vidéo Event[0] (Ocelot Society, 2016), se déroule lui dans un monde alternatif où le voyage interplanétaire a été développé dès les années 80. C’est la raison pour laquelle la station spatiale inoccupée dans lequel erre le joueur, là encore face à une intelligence artificielle particulièrement manipulatrice, est dotée d’une esthétique rétro-futuriste originale.

Une belle tapisserie aux motifs psychédéliques dans Event[0] !

Les découvertes d’objets astrophysiques parfois fascinants et déroutants fournissent d’excellents supports à des histoires horrifiques. Dans Event : Horizon (Paul W.S. Anderson, 1997 – le seul bon film de ce réalisateur, pour être honnête), un vaisseau possède la capacité de créer un mini-trou noir supposément capable de le faire voyager à des vitesses supraluminiques ; mais qui ouvre en fait un portail vers une dimension chaotique peuplée par les forces du mal… Et dans Supernova (Walter Hill, 2000), l’équipage d’un vaisseau doit tout simplement s’enfuir avant qu’une étoile en fin de vie n’explose…

Nos peurs seraient-elles en train de quitter la Terre ? Non, la maison hantée reste un lieu en vogue dans la fiction. Mais d’autres décors s’offrent à nous, à mesure que la science progresse dans la découverte de l’espace et qu’elle efface nos craintes ésotériques.

Pour terminer, voici une petite sélection de films et de jeux-vidéos qui n’ont pas été cités plus haut et qui méritent, je crois, votre attention…

Pour les films :

  • Les deux suite d’Alien : Aliens (James Cameron, 1986) et Alien 3 (David Fincher, 1992)
  • Sunshine (Danny Boyle, 2007), une ode à notre étoile qui vire rapidement à l’horreur
  • Pandorum (Christian Alvart, 2009), une honnête petite production horrifique
  • Life : Origine Inconnue (Daniel Espinosa, 2017), avec un monstre qui rode à bord de la Station spatiale internationale

Et en ce qui concerne les jeux-vidéos…

  • Dead Space (Visceral Games, 2008),
  • Alien Isolation (The Creative Assembly, 2015), suite terrifiante et hommage incroyable au premier film Alien
  • The Persistence (Firesprite, 2018) pour une aventure immersive en réalité virtuelle…

Et si vous avez d’autres suggestions pour continuer à frissonner dans le vide spatial, n’hésitez pas !

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