Exploration spatiale – Dans la Lune http://dans-la-lune.fr Vers l'infini, et au-delà ! Sun, 20 Feb 2022 08:07:45 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.8.4 https://i1.wp.com/dans-la-lune.fr/wp-content/uploads/2020/11/cropped-Dans-la-lune-favicon-couleur.jpg?fit=32%2C32 Exploration spatiale – Dans la Lune http://dans-la-lune.fr 32 32 7541914 La mission martienne de Wernher von Braun http://dans-la-lune.fr/2022/02/18/la-mission-martienne-de-wernher-von-braun/ http://dans-la-lune.fr/2022/02/18/la-mission-martienne-de-wernher-von-braun/#respond Fri, 18 Feb 2022 16:39:51 +0000 /?p=2501 Dans les années 50, l’homme s’est soudainement dit qu’il n’était plus suffisant de lever les yeux vers les étoiles ; il fallait s’y rendre. L’incroyable épopée qui a suivi a culminé avec les premiers pas de l’homme sur la Lune, en 1969. L’objectif suivant semble alors tout trouvé : Mars, la planète la plus proche de la […]

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Dans les années 50, l’homme s’est soudainement dit qu’il n’était plus suffisant de lever les yeux vers les étoiles ; il fallait s’y rendre. L’incroyable épopée qui a suivi a culminé avec les premiers pas de l’homme sur la Lune, en 1969. L’objectif suivant semble alors tout trouvé : Mars, la planète la plus proche de la Terre. Un objectif atteignable, pense le pionnier de l’exploration spatiale, Wernher von Braun, qui conçoit un programme prévoyant d’envoyer l’homme sur Mars au tout début des années 80. Retour sur un rêve qui n’est toujours pas devenu réalité.

Un Mars, et ça repart

Comment ne pas être enthousiaste ? La course à l’espace, cette rivalité qui opposa les Etats-Unis et l’Union Soviétique au sortir de la seconde guerre mondiale dans tous les domaines – mais pas sur les champs de bataille, a dessiné de nouveaux horizons pour l’humanité. Pensez donc : entre le lancement du premier satellite artificiel, Spoutnik, et les premiers pas de l’homme sur la Lune, lors de la mission Apollo 11, douze années seulement se sont écoulées ! Entre temps, l’homme aura aussi eu le temps de survoler Vénus et Mars, et dans les années qui suivront, il mettra en orbite une station spatiale (Saliout 1, en 1971), posera une sonde sur Vénus et Mars (Venera 7, en 1970, et Mars 2, en 1971), et survolera Jupiter (Pioneer 10, 1973), entre autres…

C’est donc clair : l’avenir de l’homme est dans l’espace. Et après la Lune, quel meilleur objectif que Mars ? En août 1969, Wernher Von Braun, l’un des pères de la fusée Saturn V, pionnier éminemment controversé de l’exploration spatiale, envisage les premiers pas de l’homme sur Mars pour l’année 1981. Après tout, c’était déjà lui qui, en 1952, avait réalisé la première étude technique d’une mission habitée vers la planète rouge. L’objectif semble donc bien plus atteignable après le triomphe d’Apollo 11.

Douze années séparent le lancement de Spoutnik 1 de la mission Apollo 11 !

Dans une présentation au Space Task Group, le groupe de travail mis en place par le président Richard Nixon pour concevoir le futur du programme spatial américain, Von Braun détaille son plan, forcément ambitieux mais, précise-t-il dès l’introduction, pas plus que celui qui visait à faire marcher l’homme sur la Lune, envisagé dès le début des années 60 et consacré par le fameux discours de Kennedy à Houston, en septembre 1962. Le président américain expliquait alors que l’Amérique choisissait d’aller sur la Lune, « non pas parce que c’est facile, mais bien parce que c’est difficile. »

Mars présente un intérêt majeur. Alors que la Lune est un corps stérile, désert, Mars suscite encore de nombreux fantasmes quant à la question de la vie extraterrestre (et en suscite toujours, d’ailleurs, la question n’étant toujours pas officiellement tranchée). Von Braun explique :

Peut-être que la question scientifique la plus importante est celle de la possibilité d’une vie extraterrestre dans notre Système solaire. Une mission planétaire habitée offre l’opportunité de résoudre cette question universelle.

Von Braun prévoit une mission de deux ans, décomposée comme suit :

  • Utiliser des fusées Saturn V et des navettes spatiales pour assembler un vaisseau en orbite terrestre
  • Profiter du voyage de 270 jours dans l’espace interplanétaire pour réaliser des études scientifiques et des observations astronomiques inédites
  • Placer le vaisseau dans l’orbite martienne durant environ 80 jours, et déployer à sa surface un module d’exploration, le MEM (Mars Excursion Module), et des sondes de récolte d’échantillons
  • Explorer à l’aide d’un rover la surface martienne, en forer la surface de la planète à la recherche d’eau ou d’autres ressources naturelles.
  • Profiter du voyage retour de 290 jours pour survoler Vénus, y déployer des sondes et cartographier sa surface par imagerie radar
  • Et enfin revenir sur cette bonne vieille Terre

Pour des raisons de sécurité, Von Braun envisage le lancement de deux vaisseaux identiques à propulsion nucléaire, chacun accueillant un équipage de six astronautes – ou jusqu’à douze en cas de problème sur l’un des deux vaisseaux.

Au boulot !

On le comprend à la lecture de la présentation : une telle mission réutilise forcément de nombreux éléments du programme Apollo, à commencer par les lanceurs Saturn V, les plans de mises en orbite, et l’utilisation du module d’exploration. Von Braun intègre aussi son programme dans les développements en cours et à venir en 1969 – sa mission martienne réutilise des éléments du programme Shuttle, des missions Viking et Voyager, d’une potentielle future station spatiale en orbite lunaire, et d’une base à sa surface.

 Il écrit :

Le point culminant et logique de la prochaine décennie est l’atterrissage de l’homme sur Mars en 1981. […] En plus de servir de point central pour la prochaine décennie, l’atterrissage sur Mars en 1981 est le seuil de l’exploration planétaire habitée des années 1980.

Von Braun estime qu’à la fin de la décennie, si son programme et ceux qui le précèdent sont menés à bien, 100 hommes pourraient se trouver simultanément dans l’orbite terrestre basse, et 48 à la surface de la Lune de Mars.

Quarante ans plus tard, faut-il vraiment le préciser, nous n’en sommes pas là, loin de là, et nous n’y serons peut-être même pas de notre vivant. Alors que s’est-il passé ?

Mission failed

Et bien c’est simple : le programme a été considéré par le président Nixon mais n’a malheureusement pas été retenu, au profit du développement de la future navette spatiale. Contrarié, Von Braun quitte la NASA en 1972, pour rejoindre une entreprise aéronautique privée.

Le contexte, évidemment, n’a pas aidé. A partir du milieu des années 70, la course à l’espace, évidemment remportée par les Américains suite au succès des missions Apollo, peut être considérée comme terminée. Les budgets de la NASA sont diminués – alors que le programme de Von Braun prévoyait de le doubler ; l’agence spatiale américaine est focalisée sur l’exploration non habitée de l’espace (les sondes Voyager en sont le meilleur exemple) et sur le développement de la navette spatiale, après en avoir également réduit les coûts de développement. L’intérêt du grand public pour l’espace s’estompe peut-être un peu aussi. En 1981, l’homme ne marche pas sur Mars, n’est jamais retourné sur la Lune, et la navette spatiale Columbia effectue seulement son premier vol.

A l’instar de nombreux autres projets ambitieux établis dans les années 60 et 70 (comme le fameux cylindre O’Neill, cette colonie spatiale abritant des dizaines de milliers de personnes et envisagée par leur concepteur Gérard O’Neill pour le début des années 80), la mission habitée vers Mars, véritable arlésienne portée par plusieurs projets, a constamment été repoussée. Les années, puis les décennies, se sont écoulées.

Les cylindres O’Neill n’ont essaimé que dans la science-fiction (ici, Interstellar, de Christopher Nolan)

Forcément, une telle mission laisse un peu rêveur… Si l’homme avait marché sur Mars à l’aube des années 80, qui sait où nous en serions aujourd’hui de l’exploration du Système solaire ? Aurions-nous mis en place des colonies sur la Lune et sur Mars ? Mais de telles missions, à l’ambition folle, forcément coûteuses et qui nécessitent l’implication de nations toutes entières, n’auraient-elles pas entravé l’exploration robotique du Système solaire externe, avec les missions Voyager, Cassini-Huygens, Rosette ou encore New Horizons, pour ne citer que les plus emblématiques ? Difficile à dire. En tout cas, quand il s’agit de rêver, on peut encore compter sur la science-fiction, en attendant que l’homme pose véritablement le pied sur Mars, d’ici à quelques décennies, au plus tôt.

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#7 Voyage vers Titan http://dans-la-lune.fr/2022/01/19/7-voyage-vers-titan/ http://dans-la-lune.fr/2022/01/19/7-voyage-vers-titan/#respond Wed, 19 Jan 2022 17:26:39 +0000 /?p=2483 Titan, la lune de Saturne, est sans doute l’un des corps les plus fascinants de notre Système solaire. Derrière son épaisse atmosphère se cache un monde étonnant, avec des dunes et des vallées, des lacs et des mers d’hydrocarbures, un océan souterrain, et une chimie qui intéresse fortement les exobiologistes. Nous y sommes allés en […]

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Titan, la lune de Saturne, est sans doute l’un des corps les plus fascinants de notre Système solaire. Derrière son épaisse atmosphère se cache un monde étonnant, avec des dunes et des vallées, des lacs et des mers d’hydrocarbures, un océan souterrain, et une chimie qui intéresse fortement les exobiologistes. Nous y sommes allés en 2004 lors de la mission Cassini-Huygens, nous y retournerons bientôt avec l’incroyable mission Dragonfly. En attendant, nous avons rendez-vous avec Alice Le Gall.

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Crédits audio :
Home – Hold
Christoph Eschenbach – Gustav Mahler – Symphony No.1 (Titan)

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#3 L’incroyable mission Hayabusa 2 http://dans-la-lune.fr/2021/10/16/3-lincroyable-mission-hayabusa-2-aurelie-moussi/ http://dans-la-lune.fr/2021/10/16/3-lincroyable-mission-hayabusa-2-aurelie-moussi/#respond Sat, 16 Oct 2021 07:38:54 +0000 http://dans-la-lune.fr/?p=2445 Après un voyage de 4 ans et près de 3 milliards de km parcourus, la sonde japonaise Hayabusa-2 est entrée en orbite en 2018 autour de l’astéroïde Ryugu. Elle a ensuite lâché trois rovers et un atterrisseur à sa surface, avant de récolter plusieurs échantillons de son sol pour les ramener sur Terre. C’est une […]

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Après un voyage de 4 ans et près de 3 milliards de km parcourus, la sonde japonaise Hayabusa-2 est entrée en orbite en 2018 autour de l’astéroïde Ryugu. Elle a ensuite lâché trois rovers et un atterrisseur à sa surface, avant de récolter plusieurs échantillons de son sol pour les ramener sur Terre. C’est une mission ambitieuse, fascinante, et pionnière à bien des égards. On y revient dans le détail aujourd’hui : nous avons rendez-vous avec Aurélie Moussi.

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Allez, quelques liens pour approfondir le sujet :

  • La vidéo, forcément, du second impact de la sonde sur l’astéroïde
  • La page Wiki consacrée à l’article est particulièrement complète

Crédits audio :
Home – Hold
Sunforest – Overture to The Sun

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Les mystères d’Europe http://dans-la-lune.fr/2021/07/03/les-mysteres-deurope/ http://dans-la-lune.fr/2021/07/03/les-mysteres-deurope/#respond Sat, 03 Jul 2021 17:20:51 +0000 http://dans-la-lune.fr/?p=2354 C’est une petite lune à la surface abîmée, qui fascine la science-fiction depuis plusieurs décennies déjà. Europe, quels mystères caches-tu ? Les amours de Jupiter En 1610, depuis l’université de Padoue, avec sa formidable lunette, Galilée découvre quatre mondes qui orbitent autour de Jupiter. Le savant florentin y voit une confirmation du modèle héliocentrique : tous les […]

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C’est une petite lune à la surface abîmée, qui fascine la science-fiction depuis plusieurs décennies déjà. Europe, quels mystères caches-tu ?

Les amours de Jupiter

En 1610, depuis l’université de Padoue, avec sa formidable lunette, Galilée découvre quatre mondes qui orbitent autour de Jupiter. Le savant florentin y voit une confirmation du modèle héliocentrique : tous les astres ne tournent pas autour de la Terre, comme l’avait expliqué auparavant Copernic ! C’est en plus un coup porté aux opposants à ce modèle, qui affirmaient qu’il était étrange que la Lune tournât autour de la Terre et tous les autres astres autour du Soleil.

Dans son Sidereus Nuncius, Galilée écrit :

Maintenant, en effet, nous n’avons plus une seule Planète tournant autour d’une autre pendant que deux parcourent un grand orbe autour du Soleil, mais notre perception nous offre quatre étoiles errantes, tandis que toutes poursuivent ensemble avec Jupiter, en l’espace de douze ans, un grand orbe autour du Soleil.

L’astronome allemand Simon Marius, qui découvre quasiment en même temps que Galilée ces nouveaux astres (et s’attribue d’ailleurs leur découverte), propose de les nommer d’après la Mythologie plutôt que par une simple désignation numérique :

Jupiter est accusé par les poètes d’amours des plus illicites ; trois jeunes femmes vierges sont surtout mentionnées, car Jupiter fut saisi et possédé d’un amour caché pour elles, à savoir Io, fille du Fleuve Inachos, ensuite Callisto fille de Lycaon, et enfin Europe fille d’Agénor.

Europa’s Fractured Surface (crédits : NASA / JPL)

De ces femmes qui orbitent autour de Jupiter, on ne saura rien durant des siècles : elles se résument à de pâles petits points invisibles à l’œil nu. Il faudra attendre en fait que la merveilleuse ingénierie humaine lui permette de s’aventurer au-delà des frontières de sa planète pour enfin pouvoir les observer. La couse à l’espace à laquelle se livrent les Etats-Unis et l’Union Soviétique après la Seconde guerre mondiale permet aux techniques de progresser et aux horizons de l’homme de reculer. Les sondes du programme Voyager de la NASA, lancées en 1977 (et d’ailleurs toujours actives aujourd’hui) et chargées d’explorer les planètes extérieures du Système solaire, rapportent des images et des données étonnantes de leur épopée. L’homme découvre enfin à quoi ressemblent précisément ces mondes si proches et si lointains : ils sont beaux, surprenants, variés, hostiles, absolument fascinants. Les deux sondes Voyager passeront à proximit�� d’Europe, mais en passant à moins de 250 000 kilomètres de sa surface, Voyager 2 fournira les images les plus étonnantes. L’une d’entre elles est appelée Europa’s Fractured Surface, soit La surface fracturée d’Europe. Quel autre nom aurait-on pu lui donner ? Une multitude de lignes parcourt Europe en tous sens, comme des petits nerfs, preuves d’une activité géologique intense. Et aucun impact météorique ne semble apparaître, au contraire de la surface de Callisto par exemple.

Une quinzaine d’années plus tard, la sonde Galileo, chargée d’étudier Jupiter et ses lunes, rapporte des images encore plus précises de la surface d’Europe. Sur les photos de Voyager, un pixel équivalait à deux kilomètres de la surface d’Europe, et à seulement six mètres sur certaines des images à haute-résolution les plus précises de Galileo !

(crédits : NASA / JPL / Kevin M. Gill)

Les fractures d’Europe

Cette surface si particulière est pourtant la plus lisse de tout le Système solaire. Point de montagnes, et peu de cratères. Composée majoritairement de glace, cette surface rappelle par bien des aspects les banquises polaires terrestres. Elle comporte en outre une multitude de structures géologiques diverses. Il y a bien sûr ces lignes, très abondantes, dont certaines mesurent plusieurs centaines de kilomètres et d’autres sont beaucoup plus réduites, tandis que leur hauteur ne dépasse pas la centaine de mètres. Le plus souvent, ce sont des doubles lignes de part et d’autre d’une vallée centrale, un peu à la manière des talus au bord des routes. Parfois, elles réalisent de curieux arcs de cercle réguliers.

A plus petite échelle, on remarque aussi des plaines, des dômes, des blocs de taille variable, et aussi quelques cratères, dont certains ont été en partie comblés par de la glace fraîche.

Vue rapprochée de la surface d’Europe. (crédits : NASA / JPL-Caltech)

Pourquoi la surface d’Europe est-elle ainsi abîmée par de telles balafres ? Plusieurs hypothèses ont été proposées. La plus séduisante parle d’un effet similaire à celui de la tectonique des plaques que nous connaissons sur Terre. Deux couches se chevaucheraient en fait à la surface d’Europe. La première serait mince, froide et composée de plusieurs plaques solides. La seconde, en-dessous, serait plus chaude. Les premières s’enfonceraient dans les secondes, par subduction. Reste une interrogation : sur Terre, ces plaques sont composées de roches. Ce n’est évidemment pas le cas sur Europe. Comment les plaques de la surfaces réussissent-elles à rester suffisamment denses pour ne pas stopper ce phénomène de subduction ? Un modèle informatique publié en décembre 2017 par une équipe de l’Université Brown (Etats-Unis) apporte une piste de solution : du sel venu de l’océan, dans les profondeurs d’Europe, vient ajouter de la densité à ces plaques, permettant au phénomène de subduction de se produire.

Brandon Johnson, auteur principal de cette étude, explique :

Il est fascinant de penser que nous pourrions avoir une tectonique des plaques ailleurs que dans la Terre. […] En pensant du point de vue de la planétologie comparative, si nous pouvons maintenant étudier la tectonique des plaques dans cet endroit très différent, cela pourrait nous aider à comprendre comment la tectonique des plaques a commencé sur la Terre.

La tectonique des plaques sur Europe (source : NASA / Noah Kroese / I.NK)

Le grand bleu

Un océan ? Rien de nouveau : dès septembre 1979, une étude en suggérait la présence sous la surface d’Europe. Il serait situé à quelques dizaines de kilomètres au-dessous de la surface, s’étendrais sur 80 à 170 kilomètres de profondeur, et présente plusieurs particularités tout à fait intéressantes.

Déjà, il serait composé d’eau salée. Et c’est ce sel, comme expliqué plus haut, qui permettrait au phénomène de subduction de se produire. Ensuite, des observations du télescope spatial Hubble ont montré en 2016 que des geysers de vapeur d’eau, venus tout droit de cet océan, pénètrent jusqu’à la surface en se frayant un chemin à travers la glace, et s’élèvent à plus de 200 kilomètres d’altitude ! Autrement dit, des échantillons d’eau sont accessibles à une future sonde…

Enfin, cet océan serait en contact direct avec le manteau silicaté, composé de roches, qui entoure le noyau de fer d’Europe. Ce n’est pas le cas des océans des autres lunes des géantes gazeuses comme Titan, Encélade ou Ganymède, où l’on suppose que l’océan est isolé du manteau silicaté par une épaisse couche de glaces de haute pression. Un cas unique à ce jour dans le Système solaire, et qui fait d’Europe un excellent candidat à la recherche d’éventuelles traces de vie extraterrestre…

Il était une fois la vie

Cheminée hydrothermale

L’étude des extrêmophiles, des organismes capables de supporter des conditions extrêmes sur Terre (températures, pression…), est utile en exobiologie. Si la vie est capable d’apparaître et de se développer dans de telles conditions sur Terre, pourquoi ne l’aurait-elle pas fait ailleurs, dans des conditions similaires ? Nous savons désormais que la vie n’a pas nécessairement besoin de la lumière du Soleil : certains organismes dits chimiotrophes peuvent ainsi se développer dans les grands fonds marins, où ils tirent leur énergie de molécules inorganiques. C’est le cas par exemple de l’écosystème qui vit à proximité des cheminées hydrothermales, avec la présence de bactéries, de vers, voire même, là où les températures sont un peu plus tièdes, des poulpes et des poissons abyssaux !

De tels cheminées existeraient-elles sur Europe ? C’est probable, et c’est ce qui fait d’Europe le meilleur candidat pour héberger une vie extraterrestre dans le Système solaire. Soyons réalistes : il ne s’agira sans doute pas d’un océan aussi foisonnant en vie que ceux de la Terre. Mais qui sait quels genres de créatures peuvent nager là-bas, dans l’obscurité, sous une épaisse couche de glace ? Des bactéries, des vers, des crustacés, des poissons, des organismes plus complexes peut-être, ou bien absolument rien ?

Missions à venir

Bref, c’est absolument fascinant, et il va falloir y aller pour tirer tout ça au clair. L’idée de forer la croûte de la glace pour atteindre l’océan semble ambitieuse pour le moment : sur la base de Vostok, en Antarctique, le forage n’atteint pour l’instant que 3 623 mètres… Et évidemment, c’est une chose de le faire sur Terre et une autre de le faire sur une lune située à une distance moyenne de 670 100 kilomètres ! En tout cas, la NASA a déjà développé un concept de sous-marin prêt à s’aventurer dans les profondeurs d’Europe. Peut-être d’ici la fin du siècle ?

En attendant, heureusement, deux autres missions sont prévues, l’une par l’ESA, l’Agence spatiale européenne, et l’autre par la NASA. Elles devraient toutes deux êtres lancées au début de la prochaine décennie, si tout va bien.

De quoi s’agit-il ? D’un côté, la mission JUICE (pour Jupiter Icy Moon Explorer) de l’ESA, qui prévoit d’envoyer une sonde chargée d’étudier trois lunes glacées de Jupiter : Callisto, Europe et Ganymède. Parmi les objectifs principaux figurent l’étude de leurs océans et leur potentielle habitabilité.

De son côté la NASA, après plusieurs projets avortés, planche sur une sonde appelée Europa Clipper et chargée notamment de confirmer la présence de l’océan et de déterminer la composition de son eau. L’envoi d’un atterrisseur avait été évoqué par le passé, mais est désormais jugé comme trop risqué : Clipper servira donc de mission de reconnaissance à un potentiel futur atterrisseur.

« Une aventure vers un monde-océan » (crédits : NASA)

Deux missions extrêmement enthousiasmantes, qui devraient arriver à destination au tout début de la décennie 2030, peut-être un peu avant dans le cas d’Europa Clipper.

L’exploration spatiale est source de fascination autant que de frustration. Ces objets qui aujourd’hui nous semblent si proches sont en réalité si lointains qu’il ne faut guère espérer plus d’une ou deux missions spatiales qui y parviendront d’ici la fin de ma vie et sans doute également la vôtre. Consolons-nous donc grâce à la science-fiction et surtout les sublimes photos rapportées par les sondes, ces miracles de l’ingénierie humaine !

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Covid-19 : quel impact sur le spatial ? http://dans-la-lune.fr/2020/03/24/covid-19-quel-impact-sur-le-spatial/ http://dans-la-lune.fr/2020/03/24/covid-19-quel-impact-sur-le-spatial/#respond Tue, 24 Mar 2020 13:19:56 +0000 http://dans-la-lune.fr/?p=2150 Entre novembre et décembre 2019, une nouvelle maladie fait son apparition en Chine, près de Wuhan, la capitale de la province du Hubei. Elle est causée par un coronavirus, un virus dont la forme évoque celle d’une couronne. Baptisée Covid-19, elle se propage rapidement, des mesures de confinement sont prises dans les pays les plus […]

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Entre novembre et décembre 2019, une nouvelle maladie fait son apparition en Chine, près de Wuhan, la capitale de la province du Hubei. Elle est causée par un coronavirus, un virus dont la forme évoque celle d’une couronne. Baptisée Covid-19, elle se propage rapidement, des mesures de confinement sont prises dans les pays les plus touchés. Le 11 mars, l’épidémie devient une pandémie selon l’OMS. A ce jour, près d’un milliard de terriens sont en confinement. Cette situation inédite entraîne évidemment une multitude de conséquences sur toutes les activités humaines. Qu’en est-il du spatial ?

Les agences spatiales : prudence constante

Comme dans de nombreux secteurs économiques, ce sont d’abord les événements internationaux qui ont été impactés : la conférence annuelle Satellite 2020 qui s’est tenue à Washington a ainsi été amputée de sa dernière journée, tandis que le salon Space Symposium, qui devait se tenir du 30 mars au 20 avril dans le Colorado, a lui été reporté a une date ultérieure non communiquée jusqu’à présent.

Du côté de la NASA, les impacts du Covid-19 sur les missions en cours et à venir sont encore difficiles à estimer, et dépendront de la durée de la crise. Toutefois, une évaluation a été mise en place afin de pouvoir déterminer quels travaux pouvaient être réalisés à distance, et ceux qui devaient impérativement être effectués sur place.

Le 20 mars, un communiqué a été publiée sur le site de la NASA. Il précise notamment que :

  • Le lancement de la mission Mars 2020, prévu pour le mois de juillet, est maintenu – ce qui est compréhensible puisqu’il profite d’une fenêtre de lancement qui ne se produit que tous les 26 mois…
  • Les travaux sur le télescope spatial James Webb sont suspendus – son lancement toujours prévu pour mars 2021 n’est pas officiellement annulé mais semble de plus en plus compromis
  • Quant au programme Artemis, qui prévoit le retour d’astronautes sur la Lune pour 2024, il est lui aussi suspendu en ce qui concerne la production et les tests du lanceur SLS (Space Launch System) et de la capsule Orion

A noter que sur les douze centres de l’agence spatiale américaine, trois sont au stade quatre du protocole de réponse prévu (et qui n’a rien à voir avec les quatre stades de gestion d’épidémie employés en France). Si d’aventure les douze devaient se retrouver au stade quatre, tous les travaux en cours seraient immédiatement arrêtés, hormis ceux qui concernent la mission Mars 2020.

Le rover Perseverance de la mission Mars 2020. (crédits : NASA / JPL-Caltech)

L’Agence spatiale européenne (ESA) devait aussi profiter de la fenêtre de lancement de juillet pour envoyer le rover Rosalind Franklin sur Mars, dans le cadre de la mission ExoMars, chargée notamment de détecter des traces de vie passées ou présentes. Loupé : le lancement est retardé à 2022. La mission était récemment pointée du doigt pour des problèmes techniques, et se poser sur Mars est un véritable défi qui ne laisse pas le droit à l’erreur : ce délai supplémentaire ne sera sans doute pas de trop.

La Chine a connu son pic de l’épidémie en janvier, une période plutôt calme en raison des traditionnelles fêtes du Nouvel An. Pas de retard majeur à signaler, donc. A noter qu’elle profitera elle aussi de cette fameuse fenêtre de lancement vers Mars avec le lancement du rover Huoxing 1, qui fera de la Chine la troisième nation à réussir à se poser sur la planète rouge (après les Etats-Unis et l’Union Soviétique).

Le cas Elon

Du côté de SpaceX, c’est plus problématique. Son emblématique PDG, Elon Musk, s’est fendu le 6 mars d’un tweet dans lesquel il déclare que la panique autour du coronavirus est « stupide. » Et dans un email envoyé le 13 mars aux employés de SpaceX, il affirme que le risque de mourir du Covid-19 est beaucoup plus faible que le risque de mourir dans un accident de voiture. Ces déclarations polémiques se traduisent dans la politique de la société, jugée pour l’heure négligente voire dangereuse. Ainsi, le télétravail est autorisé seulement pour les employés qui ne se sentent pas bien, alors que le gouverneur de Californie (le siège social de SpaceX est basée à Hawthorne) a ordonné à toutes les entreprises non-essentielles de fermer. Dans une enquête publiée sur Buzzfeed, des employés regrettent que rien ne soit fait malgré la détection d’au moins au cas de coronavirus dans les bureaux de Redmond et de plusieurs signes inquiétants sur le campus de la société.

Un employé de la société Xplor, qui gère la garderie et l’école du campus, s’est exprimé anonymement :

Non seulement SpaceX met les employés directs sont en danger, mais les enfants et les employés de l’école sur le campus sont également menacés à cause de l’ignorance d’un seul homme.

Dans un tweet du 19 mars, le bureau du shérif du comté d’Almeda a rappelé que SpaceX n’est pas considérée comme une entreprise essentielle.

S’il propose désormais de fabriquer des masques respiratoires dans ses usines Tesla, Elon Musk continue de combattre sur Twitter ce qu’il considère n’être qu’une peur injustifiée, au mépris des avis et des décisions des instances gouvernementales et institutionnelles internationales, l’OMS en premier lieu.

Quant au lancement de la capsule Crew Dragon, premier vol habité réalisé par les américains vers la Station spatiale internationale depuis 2011, il est toujours prévu pour mai. Et un lancement de la fusée Falcon avec à son bord un nouveau cortège de satellites Starlink a eu lieu le 18 mars.

En mars 2019, la capsule Crew Dragon, sans équipage à l’intérieur, avait réussi à s’amarrer à l’ISS. (crédits : NASA TV)

Du côté du concurrent principal de SpaceX, Blue Origin, pas de retard de projet à signaler pour le moment. La société souligne qu’elle ajuste sa stratégie au jour le jour, favorisant tout de même le télétravail lorsque cela est possible.

Le confinement avant le confinement

Ce qu’il faut à tout prix éviter, c’est que le virus se retrouve à bord de la Station spatiale, où l’accès à un hôpital est évidemment compliqué, et où la microgravité affaiblit le système immunitaire de ses occupants… D’ordinaire, les futurs astronautes passent deux semaines en quarantaine avant leur départ du cosmodrome de Baïkonour.

Le 9 avril, trois astronautes (deux américains et un russe) doivent partir pour l’ISS. Leur quarantaine a été avancée pour éviter qu’ils n’emportent avec eux un passager clandestin…

Les conseils des astronautes

Mais qu’en est-il des anciens astronautes, et de ceux qui sont actuellement dans l’espace ? Isolés de long mois à quatre-cent kilomètres au-dessus de nos têtes, les astronautes de la Station spatiale internationale sont de fins connaisseurs du confinement. Et plusieurs d’entre eux se sont d’ailleurs exprimés sur le sujet, fournissant conseils avisés ou sentiments personnels.

L’astronaute américaine Jessica Meir, actuellement dans l’espace, a ainsi déclaré :

De là-haut, il est facile de voir que nous sommes vraiment tous dans le même bateau. #EarthStrong

Anne McClain, qui a elle passé six mois à bord de l’ISS, a tweeté :

Rappelez-vous que le stress survient lorsque nos attentes ne sont pas conformes avec la réalité. Lorsque nous ne pouvons pas changer la réalité, il est préférable de se concentrer sur nos attentes. Attendez-vous à faire les choses différemment. Attendez-vous à devoir vous adapter. Attendez-vous à être hors de votre zone de confort. Attendez-vous à faire passer les autres avant vous.

Vous avez passé une Saint Patrick confiné ? Chris Hadfield aussi, en 2013 ! (crédits : Twitter – @Cmdr_Hadfield)

Quant à Thomas Pesquet, qui devait démarrer sa formation fin mars aux Etats-Unis dans le cadre de sa prochaine mission dans l’espace, il a mis en ligne un tutorial spécial confinement, détaillant ses activités quotidiennes et rappelant pourquoi le confinement est une mesure importante qu’il faut respecter.

Le conseil le plus avisé vient sans doute de Buzz Aldrin, 90 ans, deuxième marcheur lunaire lors de la mission Apollo 11, en 1969. Interrogé par le site Ars Technica sur les moyens qu’il emploie pour se protéger par le virus, il répond avec la verve qu’on lui connaît :

Je reste assis sur le cul et je verrouille la porte !

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L’espace, indispensable à l’environnement http://dans-la-lune.fr/2019/11/28/lespace-indispensable-a-lenvironnement/ http://dans-la-lune.fr/2019/11/28/lespace-indispensable-a-lenvironnement/#comments Thu, 28 Nov 2019 17:22:01 +0000 http://dans-la-lune.fr/?p=2118 Près de 300 000 ans après son apparition, le seul représentant survivant du genre Homo, l’Homo sapiens, est parvenu à s’arracher de l’attraction gravitationnelle de la planète dont il est issu et à s’élancer vers les étoiles. Près de 300 000 ans après son apparition, pourtant, il se retrouve au bord du gouffre, sur une planète dont […]

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Près de 300 000 ans après son apparition, le seul représentant survivant du genre Homo, l’Homo sapiens, est parvenu à s’arracher de l’attraction gravitationnelle de la planète dont il est issu et à s’élancer vers les étoiles. Près de 300 000 ans après son apparition, pourtant, il se retrouve au bord du gouffre, sur une planète dont les conditions deviennent de plus en plus hostiles, et qui pourraient à terme menacer son existence. Doit-il cesser de lever les yeux vers le ciel pour les ramener vers le sol ?

La lettre de la discorde

Le 25 juin dernier, une lettre adressée à Thomas Pesquet est publiée sur le site de Libération. Provocateurs, leurs auteurs lui demandent de s’engager publiquement contre la poursuite de l’exploration spatiale et d’annuler son retour sur la Station spatiale internationale (ISS), prévu vers la fin de l’année 2020. C’est en fait suite à l’annonce faite par la NASA de l’ouverture de la station aux touristes, avec des billets au prix évidemment astronomique, que ces chercheurs de l’Atelier d’écologie politique de Toulouse ont décidé de prendre la plume.

Les arguments avancés sont d’ordre écologique. L’exploration spatiale polluerait et amplifierait le dérèglement climatique qui, dans un futur proche, sera responsable de l’exil forcé et de la mort de millions de personnes sur la planète. Elle alimenterait un rêve inaccessible et mortifère, celui qui veut que l’espace puisse constituer une sorte de plan B, où l’humanité pourrait trouver une exoplanète aux conditions de vie favorables.

Le système planétaire Trappist-1 est situé à environ 39 années-lumière de la Terre. Il est inaccessible, pour l’heure et pour encore longtemps (vue d’artiste).

Elle détournerait en fait les humains des dangers réels et actuels qui menacent la Terre :

L’humanité n’a pas une nécessité urgente à quitter la Terre, mais elle a une nécessité urgente à trouver comment y rester avec des conditions de vie décentes pour tous.

Au bord du gouffre, peut-être que l’humanité devrait cesser de lever les yeux vers le ciel, au moins momentanément, et garder les pieds sur terre, pour assurer sa survie et celle de tous les autres êtres avec qui elle partage son existence sur cette planète bleue… Non ? Non !

Prenons de la hauteur

L’exploration spatiale est intimement liée à la fin de la Seconde guerre mondiale, avec la course à l’armement et le développement des premières fusées, et à la guerre froide qui a suivi et  permis son essor, dans la lutte technologique qui opposait les Etats-Unis et l’Union Soviétique. Née au milieu des guerres, elle est pourtant depuis longtemps un facteur de paix.

C’est que là-haut, l’homme a enfin pu contempler de l’extérieur cette planète bleue qu’il habite depuis déjà quelques millions d’années. Certes, par le génie de son intuition, grâce aux outils mathématiques et à d’habiles observations, il avait déjà découvert qu’elle était ronde, qu’elle tournait autour du Soleil, qui lui-même n’était qu’une étoile parmi les milliards d’étoiles de la Voie Lactée, qui elle-même n’était qu’une galaxie parmi tant et tant d’autres dans l’Univers. Oui, tout cela, il le savait déjà l’homme qui, le 12 avril 1961, embarqua à bord d’une fusée pour devenir le premier homme à avoir jamais voyagé dans l’espace. Ils le savaient aussi, ceux qui découvrirent les superbes photographies des missions Apollo, et notamment ce lever de Terre observé depuis l’orbite lunaire, ou la fameuse Bille bleue qui flotte au milieu de l’obscurité.

La Bille bleue, une photo de la Terre prise par l’équipage d’Apollo 17 en décembre 1972.

Dans un article consacré au sujet sur le site Space.com, l’historienne des sciences Lisa Ruth Rand rappelle :

[Avant que l’exploration spatiale ne commence] il n’y avait pas de perception de la Terre comme étant une entité unique, et certainement pas dans un contexte spatial. C’était révolutionnaire à l’époque : nous découvrions que nous étions seuls dans cet espace vide, hostile et stérile, mais aussi que nous étions tous dans le même bateau.

Le voici, l’homme nouveau de la deuxième moitié du XXe siècle : c’est celui qui comprend combien la Terre est fragile, combien nous sommes tous ensemble sur ce petit vaisseau spatial, et combien nous sommes seuls, perdus dans ce vaste environnement froid et désespérément vide. Ils sont nombreux, les témoignages des astronautes revenus changés à tout jamais par ce phénomène qui porte un nom : l’Overview effect.

Ce tournant inspirera au scientifique britannique Carl Sagan un poème resté célèbre, Un point bleu pâle, d’après une photographie de la Terre prise à une distance de 6,4 milliards de kilomètres par la sonde Voyager de la NASA, et qui se termine ainsi :

On a dit que l’astronomie incite à l’humilité et fortifie le caractère. Il n’y a peut-être pas de meilleure démonstration de la folie des idées humaines que cette lointaine image de notre monde minuscule. Pour moi, cela souligne notre responsabilité de cohabiter plus fraternellement les uns avec les autres, et de préserver et chérir le point bleu pâle, la seule maison que nous ayons jamais connue. 

Ce petit point, c’est la Terre.

Le bilan carbone de l’exploration spatiale

Mais ce changement de paradigme vaut-il la pollution engendrée par les fusées ? Parce que le décollage d’une fusée est visuellement très impressionnant, avec le dégagement de ce qui semble être une énorme quantité de fumée, on a tendance à croire que le bilan carbone de l’exploration spatiale est lourd.

Mais est-ce bien réellement le cas ? Tout dépend évidemment du type de fusée, et du propergol utilisé pour propulser son moteur. Il faut tout d’abord rappeler qu’une centaine de fusées environ sont lancées dans l’espace chaque année. L’impact en termes d’émissions de dioxyde de carbone est négligeable, selon les experts.

Interrogé sur le sujet dans un article du site The Verge, Martin Ross, ingénieux chez Aerospace Corporation, explique :

L’activité de fusées pourrait être multipliée par 1 000 que les émissions de dioxyde de carbone et de vapeur d’eau resteraient faibles comparées à d’autres sources industrielles.

Un autre problème est parfois évoqué : la destruction de la couche d’ozone, le bouclier chargé de protéger la Terre contre les rayons ultraviolets nocifs du Soleil, par les gaz dégagés par les moteurs-fusées. Une étude parue en 2009 estime que les lancements de fusées appauvrissent la couche d’ozone de quelques centièmes d’un seul pourcent… Est-ce inquiétant ? Pas vraiment, en tout cas pour le moment. L’exploration spatiale défriche, explore l’inconnu : tout est à inventer, au risque de commettre des erreurs. Cela a été le cas avec les débris spatiaux qui encombrent l’orbite terrestre, source de risques d’impact longtemps négligée. Alors que l’industrie spatiale privée (incarnée notamment par SpaceX et Blue Origin), en plein essor, s’apprête à multiplier le nombre de lancements annuels, il serait donc temps que les agences spatiales et les gouvernements s’emparent du sujet des impacts des lancements sur la couche d’ozone et décident d’une éventuelle réglementation avant que des problèmes ne surgissent. La planification et la réflexion, en somme, plutôt que l’interdiction…

Le stéthoscope de la Terre

Il est légitime de s’interroger sur les impacts environnementaux de l’exploration spatiale. Il est tout aussi important de souligner ses apports dans notre connaissance de notre planète et des dégâts que les activités humaines lui causent.

Dans un message publié sur Twitter, le journaliste Norédine Benazdia s’insurge :

Sur les 58 indicateurs qui permettent d’évaluer les modification écologiques sur Terre, il y en a plus de la moitié qui ne peuvent être réalisés que depuis l’espace !

Et des dizaines d’articles ne suffiraient pas pour résumer combien l’exploration spatiale est indispensable pour comprendre comment fonctionne notre planète, pour la surveiller et pour alerter l’humanité sur son état. En fait, sans elle, sans doute ne serions nous même pas au fait de ses blessures, en tout cas nous serions bien moins informés. C’est en ce sens que la lettre adressée à Thomas Pesquet est absurde : sans l’exploration spatiale qu’ils dénigrent, sans ses apports quotidiens à la cause environnementale, ils ne seraient pas au courant des dégâts causés à la faune, la flore, les océans, les terres, et n’auraient donc sans doute pas pu l’écrire !

Si les débuts de l’exploration spatiale ont permis aux hommes d’obtenir enfin une vue complète et détaillée de leur planète depuis l’espace, modifiant leur vision de celle-ci, le développement des satellites a permis de comprendre précisément la manière dont elle fonctionne. Evidemment, l’observation depuis le sol reste indispensable. Mais l’espace offre bien des avantages.

Dans sa leçon inaugurale prononcée au Collège de France en 2013, la scientifique française Anny Cazenave revient sur les atouts de l’observation spatiale :

  • Elle offre une vision globale de la planète, pouvant se focaliser sur des zones difficiles d’accès
  • Les observations effectuées peuvent couvrir de larges périodes de temps pour mesurer des évolutions
  • Différents satellites peuvent observer la même zone, et ainsi surveiller différents paramètres
  • Le quasi-temps réel offert par les satellites permet de mieux appréhender les catastrophes naturelles

Anny Cazenave détaille ensuite les technologies développées depuis les débuts de l’exploration spatiale, ainsi que leurs intérêts. L’altimétrie satellitaire permet ainsi de mesurer le relief des océans, pour établir des cartes très précises des fonds marins, mesurer le niveau de la mer, décrire les perturbations du système climatique. L’altimétrie a permis de démontrer que la hausse du niveau de la mer n’est pas uniforme partout sur le globe, et qu’elle est bien une conséquence directe du réchauffement climatique.

D’autres techniques permettent de mesurer avec une grande précision la variation de la masse des calottes glaciaires, c’est-à-dire de constater que les glaces fondent, d’observer la quantité de glace qui est déversée dans les océans et de surveiller son évolution avec les années.

L’évolution de la banquise entre 1984 et 2012. (crédits : NASA)

Ces observations permettent de modéliser des projections pour l’avenir, en prévoyant les niveaux futurs de la mer.

Outre les mesures, la collecte d’images depuis l’espace permet une quantité innombrable d’applications diverses et variées, dans tous les domaines imaginables : le suivi des océans et de leur écosystème, la gestion des forêts et l’étude de la végétation, la surveillance de l’étalement urbain, le contrôle de l’agriculture ou de la pêche, le suivi des phénomènes météorologiques et des catastrophes naturelles (au travers notamment de la Charte internationale Espace et Catastrophes majeures)… Autant de domaines indispensables : peut-on réellement affirmer vouloir combattre le réchauffement climatique avec un bandeau sur les yeux, sans en observer sa dynamique et son évolution, sans identifier clairement ses conséquences, sans le comprendre de manière globale, ce que seul permet l’observation depuis l’espace ?

Dans la conclusion de sa leçon, Anny Cazenave résume :

Aujourd’hui, grâce à l’espace, nous ne décrivons plus seulement une Terre statique mais une Terre dynamique, en évolution permanente sous l’effet de phénomènes naturels et de la pression anthropique.

Doit-on se débarrasser de ces outils indispensables aujourd’hui pour comprendre notre monde et qui seront fondamentaux demain, sur une planète à dix milliards d’habitants, menacés par la montée des eaux, l’effondrement de la biodiversité et la diminution des terres agricoles fertiles ? Doit-on privilégier l’idéologie à la science ?

L’enseignement de la modestie

Ce que la lettre semble décrire, c’est l’exploration spatiale telle que pensée et théorisée durant les années 60 et 70, en plein affrontement entre les deux grands blocs, pleine d’espérances et de projets fous, ou encore celle de Elon Musk ou de Jeff Bezos, qui se rapproche pour le moment (et sans doute pour longtemps) plus de la science-fiction que de la science. Est-ce de la mauvaise foi ? De l’ignorance ? Reste le tourisme spatial, critiquable à bien des égards, mais qui ne saurait justifier de remettre en cause l’exploration spatiale toute entière.

Les astronautes de la Station spatiale internationale sont de formidable porte-voix de la cause écologique, à commencer par Thomas Pesquet qui déclarait à son retour :

J’ai vu depuis la station spatiale la beauté de la Terre mais aussi sa fragilité.

Saint-Brieuc photographiée depuis l’ISS par Thomas Pesquet. Ouaip, c’est chez moi !

L’exploration spatiale, et plus généralement les sciences et les techniques de l’étude du ciel, invitent à la modestie plus qu’à la vanité. Car plus nos connaissances s’affinent, et plus nous comprenons combien l’Univers est grand, combien ses mystères résistent même à nos théories les plus solides. « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien » disait Socrate, cette maxime s’applique aussi au cosmos, dont les origines, les desseins et le destin nous échappent. Rappelons-le : une éternelle Révolution copernicienne s’attache, patiemment, à déloger la place de l’homme dans l’Univers : la Terre est une planète comme une autre, qui orbite autour d’une étoile comme une autre, dans une galaxie comme une autre et peut-être, selon les théories les plus audacieuses, dans un Univers comme un autre.

Quiconque lève les yeux au ciel le sait : il n’y aura pas d’échappatoire pour l’humanité là-haut. L’espace est trop froid, trop vide, trop hostile, trop grand. Nous ne sommes que poussières dans l’Univers. Le temps nous manque. Rejoindre l’étoile la plus proche prendrait des dizaines de milliers d’années avec les technologies actuelles, et nous ne savons rien ou presque de l’habitabilité des planètes qui s’y trouvent. Il nous faudra bien des siècles pour que notre ingénierie parvienne à y accéder dans des délais raisonnables à l’échelle d’une vie humaine, si tant est que cela soit possible. D’ici là, notre planète sera devenu inhabitable, si nos conditions de vie n’évoluent pas.

C’est cela, la leçon de l’exploration spatiale. Dans l’immensité du cosmos, une petite planète bleue, située pas trop loin ni trop proche de son étoile, offre les conditions idéales pour que l’homme y vive et s’y épanouisse : c’est la Terre. La Terre, un environnement complexe, le fruit de plusieurs milliards d’années d’évolution géologique et biologique, berceau et maison de l’homme, qui dispose désormais de la technologie nécessaire pour mesurer combien elle est unique et précieuse.

Ainsi que le rappelait le marcheur lunaire Alan Bean, changé depuis son retour de la mission Apollo 12 :

Je ne me suis pas plaint une seul fois du temps qu’il fait. Je suis heureux qu’il y ait du temps. Je ne me suis pas plaint du trafic. Je suis heureux qu’il y ait des gens autour de moi. Voilà une des choses que j’ai faites quand je suis rentré à la maison – je suis allé dans un centre commercial, je me suis acheté un cornet de glace, puis j’ai regardé les gens passer en pensant : « Eh bien, nous avons de la chance d’être ici. Pourquoi les gens se plaignent-ils de la Terre ? Nous vivons dans le jardin d’Eden ! »

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Des tardigrades sur la Lune ?! http://dans-la-lune.fr/2019/08/28/des-tardigrades-sur-la-lune/ http://dans-la-lune.fr/2019/08/28/des-tardigrades-sur-la-lune/#respond Wed, 28 Aug 2019 15:51:45 +0000 http://dans-la-lune.fr/?p=2072 L’actualité spatiale a parfois des allures de récit de science-fiction. Ainsi de ces gros titres annonçant l’arrivée de tardigrades – d’étranges petites créatures très résistantes – sur la Lune, à bord d’une sonde israélienne qui s’y est écrasée. On imagine alors les tardigrades coloniser notre satellite, et on se demande s’ils ne seraient pas arrivés […]

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L’actualité spatiale a parfois des allures de récit de science-fiction. Ainsi de ces gros titres annonçant l’arrivée de tardigrades – d’étranges petites créatures très résistantes – sur la Lune, à bord d’une sonde israélienne qui s’y est écrasée. On imagine alors les tardigrades coloniser notre satellite, et on se demande s’ils ne seraient pas arrivés sur Terre par un moyen similaire… Au-delà de ces rêveries, cet épisode permet de revenir sur une question importante : celle de la pollution biologique des mondes cosmiques explorés par l’homme.

Crash

Il ne faut jamais l’oublier : l’exploration spatiale est compliquée, et son histoire est ponctuée d’au moins autant d’échecs que de réussites. Envoyer quelque chose dans l’espace est déjà, en soi, un exploit ; atterrir sur un monde extraterrestre relève de la prouesse.

Le 11 avril dernier, l’atterrisseur Beresheet de l’entreprise israélienne SpaceIL s’écrase à la surface de la Lune à cause d’un problème moteur. Les dernières photos prises par la sonde essaiment sur les réseaux sociaux, et puis plus rien. Et puis, près de quatre mois plus tard, un article au titre surprenant, publié sur le site américain Wired, fait le tour de la toile : l’atterrisseur aurait déployé des milliers de tardigrades sur la Lune ! Pour bien comprendre cette affaire, il faut d’abord parler d’un homme : Nova Spivack. C’est le fondateur ambitieux d’une organisation appelée Arch Mission Foundation, dont l’objectif n’est rien de moins que de créer une sorte d’Arche de Noé de la connaissance humaine, appelée à nous survivre dans l’espace alors que notre existence ici-bas est menacée. Concrètement, Spivack souhaite inclure dans les sondes de plusieurs missions spatiales des sortes de disque composés de fines couches de nickel, support de stockage du savoir humain et d’échantillons de notre génome ou du monde qui nous entoure.

Un disque d’Arch a été envoyé dans le roadster Tesla de SpaceX en 2018 ! (crédits : SpaceX)

La sonde Beresheet contenait un tel disque. Fort bien. Le problème, c’est que Spivack y a inclus une petite surprise, des tardigrades, et ce sans en informer l’entreprise israélienne.

Dans un article publié sur le site Mashable, il confie :

On ne le leur a pas dit [à SpaceIL], qu’on inclurait de la vie dans ce truc. Les agences spatiales n’aiment pas les changements de dernière minute. Alors on a décidé de prendre le risque. Nous avons fait en sorte d’éviter tout risque de contamination à l’extérieur de notre chargement, qui a été scellé et est sous vide.

De toute façon, après un crash et à la surface d’un monde aussi hostile que la Lune, aucun risque que ces minuscules créatures ne survivent, n’est-ce pas ? Et bien… Il est permis d’en douter.

Des bibliothèques entières peuvent être stockées sur ces petits disques de quelques centimètres de diamètre utilisés par la fondation Arch ! (crédits : Bruce Ha)

If I were a tardigrade I’d move out from home

C’est un petit animal qui mesure environ un millimètre, et dont la forme assez particulière lui a valu le surnom d’ourson d’eau. Le tardigrade n’est pas vraiment une créature extrêmophile puisqu’il ne vit pas dans des environnements dits extrêmes (on peut d’ailleurs le croiser un peu partout sur la planète) ; par contre, il résiste très bien à ceux-ci, c’est la raison pour laquelle il intéresse grandement la communauté scientifique.

Bon appétit ! (crédits : FOX)

Il serait sans doute plus facile de lister ce qui peut tuer le tardigrade, plutôt que ce à quoi il peut résister. Globalement, au froid, au chaud, à des pressions extrêmes, à la sécheresse, aux radiations, et même au vide spatial ! Ils sont en fait capables d’entrer dans un état de cryptobiose, ou de stase. Plus proches de la mort que de la vie, ils peuvent demeurer ainsi inertes pendant des années, et ressusciter dès que les conditions deviennent à nouveau favorables.

Des hypothèses de panspermie fascinantes mais sans véritable fondement scientifique se demandent même si les tardigrades ne viendraient pas de l’espace et auraient été apportées sur Terre par un astéroïde qui s’y serait écrasé !

Voilà donc le problème : les tardigrades, protégés dans la résine d’époxy de leur disque, sont en état de cryptobiose à la surface de la Lune, attendant patiemment d’être réveillés…

Je te survivrai

Malgré tout, il est peu probable de voir des hordes de tardigrades pulluler sur la Lune. Pour revenir à la vie, ils doivent d’abord être sortis de leur état de cryptobiose. Il est également possible qu’ils aient été affectés par les conditions dans lesquels ils ont été stockés. Et dans l’état actuel de nos connaissances, d’ici une décennie, il ne devrait plus être possible de les réanimer.

En fait, pour en être absolument persuadé, il faudrait récupérer l’arche de Spivack. C’est ce qu’il souhaite, d’ailleurs, et ce serait effectivement intéressant d’un point de vue biologique. Or aucune mission, robotique ou habitée, n’est prévue à proximité du site du crash de la sonde. Il y donc fort à parier que les débris de la sonde rejoignent la liste des objets de fabrication humaine qui reposent sur la Lune, et que le petit disque contenant notamment des tardigrades résiste aux années, aux siècles et aux millénaires à venir, sans que nous n’en entendions plus jamais parler.

Mais alors pourquoi une telle agitation ? C’est que toute cette histoire relance un débat hautement polémique : celui de la pollution biologique spatiale.

La Lune contient par ailleurs des sachets de déchets laissés par les astronautes des missions Apollo (et certains contiennent d’ailleurs des excréments) ! (crédits : NASA)

Le huitième passager

Inévitablement, l’homme emporte avec lui dans l’espace des passagers clandestins invisibles à l’œil nu : les bactéries. Il est de notre responsabilité d’éviter de contaminer les mondes extraterrestres que nous visitons et qui, potentiellement, peuvent déjà contenir une forme de vie microbienne. Il s’agit aussi de ne pas tromper nos recherches, et de s’assurer que si de la vie microbienne est trouvée un jour quelque part, elle ne provienne pas de la Terre. A l’inverse, il est également nécessaire de protéger la Terre en cas de retour d’échantillons venus du cosmos. Ce sujet est si primordial que les sondes sont précautionneusement stérilisées avant d’être envoyées dans l’espace, et que le lieu éventuel de leur crash est contrôlé.

A la fin de sa mission, en 2018, la NASA a préféré envoyer la sonde Cassini sur Saturn plutôt que sur Encelade, lune prometteur d’un point de vue biologique. (crédits : NASA / JPL)

Le COSPAR (Commitee On Space Research), un comité international doté d’un groupe sur la question, a classé les différentes missions spatiales en quatre catégories (ainsi qu’une cinquième qui concerne le retour d’échantillons sur Terre), selon les lieux explorés et les précautions nécessaires à prendre pour éviter toute contamination :

  • Catégorie I : les missions à destination de mondes qui ne sont pas intéressants pour comprendre l’apparition et le développement de la vie dans l’Univers (le Soleil, Mercure)
  • Catégorie II : les missions vers des corps célestes intéressants pour comprendre l’origine de la vie, mais sur lesquels d’éventuelles contaminations auraient très peu d’impact (la Lune ou Vénus)
  • Catégorie III : ce sont des missions de survol et d’orbiteur à destination de mondes que lesquels une contamination pourrait mettre en péril de futures missions destinées à comprendre l’apparition et l’évolution chimique de la vie (Mars, Encelade)
  • Catégorie IV : concerne le même type de mondes que la catégorie III, mais cette fois avec des sondes qui s’y posent, comme des atterrisseurs ou des rovers

Aucune protection particulière n’est requise pour la catégorie I. Pour toutes les autres, diverses mesures sont recommandées, principalement pour stériliser le matériel qui y est envoyé. Ainsi, dans la catégorie IV, la probabilité de contamination doit être inférieure à 1 chance sur 10 000.

La NASA, qui dispose d’un bureau dédié à la protection planétaire, utilise ces différentes catégories et leurs recommandations respectives. Les procédés de stérilisation sont extrêmement complexes et rigoureux, et tout est fait pour que les sondes envoyées dans l’espace ne contiennent aucune bactérie.

Le programme Viking de la NASA, dans les années 70, a permis de mettre en place de strictes procédures de stérilisation. (crédits : NASA)

La principale critique adressée à Nova Spivack, c’est qu’il a nié tous ces principes internationaux, et a potentiellement contaminé la Lune avec des organismes terrestres vivants.

Sur son compte Twitter, devant le tollé généré par l’affaire, il se défend :

  • La contamination d’autres mondes ne peut pas être totalement évitée, à moins d’arrêter l’exploration spatiale
  • Envoyer des tardigrades sur un monde mort comme la Lune n’est pas comme en envoyer sur Mars
  • Il y a de toute façon probablement déjà des tardigrades sur la Lune et sur Mars !

Les deux premiers arguments, au regard de ce qui a été expliqué plus haut, semblent raisonnables. Malgré toutes les précautions prises, les sondes peuvent emporter avec elles des passagers clandestins. Les salles stériles de la NASA ne le sont pas tout à fait. Selon certains experts, ce sont pas moins d’un milliard de spores de bactéries qui auraient été envoyés sur Mars depuis les débuts de son exploration ! Et la Lune étant un corps de catégorie II, le risque de contamination est faible, voire inexistant.

Lisa Pratt, chargé du sujet à la NASA, se montre d’ailleurs rassurante dans un e-mail adressé au site The Verge :

Bien qu’une contamination biologique excessive et non contrôlée de la surface de la Lune ne soit pas scientifiquement souhaitable, de petites quantités de tardigrades encapsulées dans de l’ambre auront probablement un impact minimal sur l’environnement.

En affirmant que les tardigrades sont peut-être déjà présents sur la Lune et sur Mars, Spivack fait référence à un article publié peu après le début de l’affaire sur le blog de l’astronome britannique Caleb Scharf. L’idée est la suivante : les astéroïdes, qui bombardent les corps célestes, éjectent de la matière dans l’espace – matière qui peut contenir des microbes ou des organismes extrêmement résistants. C’est la lithopanspermie.

Si la vie a été apporté depuis l’espace, alors nos ancêtres sont des extraterrestres !

Il explique :

Des impacts importants peuvent envoyer des milliards de morceaux de la surface de la Terre à travers le Système solaire […]. Il faudra peut-être des milliers d’années à certains de ces morceaux pour se retrouver sur d’autres corps planétaires, en se frayant un chemin à travers un réseau invisible de voies orbitales, mais ils y parviendront. En effet, la modélisation informatique des éjectas d’impact suggère que même des endroits très reculés comme Titan (la lune de Saturne) devraient – bien que rarement – être des destinataires de morceaux de la Terre. Des endroits comme Mars ou la Lune contiennent beaucoup plus de ces morceaux.

En somme, si l’homme ne contamine pas les mondes qu’il explore, la nature le fera pour lui. Pour autant, Scharf conseille la prudence, évoquant une éthique cosmique : il ne s’agit pas de faire n’importe quoi non plus.

Car c’est en fait la méthode employée par Spivack – peu protocolaire et surtout pas du tout transparente – qui déplaît, plus que les éventuels résultats de ses petits jeux. Depuis, il s’est excusé auprès de SpaceIL, parle volontiers de cette affaire comme d’une tempête dans un verre d’eau, et prévoit toujours d’équiper de futures sondes avec ses arches.

De toute évidence, avec l’arrivée progressive d’entreprises privées dans le domaine spatial, ces polémiques vont être amenées à se répéter. Alors, qu’en penser ? La vie sur Terre est aussi précieuse que la vie potentielle, même microscopique, au-delà de la Terre. Et il serait dommage que la découverte d’une vie extraterrestre – qui serait l’un des événements majeurs de l’histoire de l’humanité – soit mise en doute par la présence de bactéries terrestres. Ou pire, que ces mêmes bactéries annihilent, à terme, la vie sur Mars.

Pour autant, il ne faudrait pas que ces craintes empêchent l’homme de continuer à explorer l’espace. Il faut poser nos yeux ailleurs, à l’aide des télescopes, et il faut y poser les pieds aussi, avec nos sondes et rovers. Et leurs passagers clandestins !

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Artemis : objectif Lune 2024 ? http://dans-la-lune.fr/2019/07/14/artemis-objectif-lune-2024/ http://dans-la-lune.fr/2019/07/14/artemis-objectif-lune-2024/#comments Sun, 14 Jul 2019 09:00:26 +0000 http://dans-la-lune.fr/?p=2043 Le 26 mars 2019, le vice-président américain Mike Pence dévoile les ambitions spatiales du président Trump : retourner sur la Lune d’ici 2024, soit quatre ans de moins par rapport à ce que prévoyait initialement la NASA. Mission cependant aussitôt acceptée par l’agence spatiale. Depuis, ce programme a pris le nom d’Artemis – la sœur […]

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Le 26 mars 2019, le vice-président américain Mike Pence dévoile les ambitions spatiales du président Trump : retourner sur la Lune d’ici 2024, soit quatre ans de moins par rapport à ce que prévoyait initialement la NASA. Mission cependant aussitôt acceptée par l’agence spatiale. Depuis, ce programme a pris le nom d’Artemis – la sœur d’Apollon dans la mythologie grecque. Forcément, c’est excitant… Mais un délai aussi court est-il réellement tenable ?

L’éternel retour

A vrai dire, ce n’est pas la première fois qu’un gouvernement américain évoque un retour de l’homme sur la Lune, afin de poursuivre les rêves d’espace des années 60 et 70. George Bush père annonça lors du vingtième anniversaire de la mission Apollo 11, en 1989, qu’il prévoyait de relancer le programme lunaire puis d’envoyer l’homme sur Mars. Ce programme ambitieux dont le coût était estimé à près de 500 milliards de dollars étalés sur deux à trois décennies fut abandonné en 1991 au profit de missions plus rapides à développer, moins coûteuses et plus efficaces (la fameuse stratégie faster, better, cheaper), en privilégiant notamment l’exploration robotique plutôt qu’humaine. En 2004, son fils désire à son tour renouer avec le succès des missions Apollo et prévoit d’envoyer des robots explorer la Lune en 2008 avant d’y faire marcher des hommes en 2020. Le programme Constellation de la NASA traduit cette ambition, mais sera annulé sous la présidence Obama, en 2010, là encore par manque de budget et pour cause de retard.

Eugene Cernan est le dernier homme à avoir marché sur la Lune, en décembre 1972.

La différence, cette fois, c’et le délai : 5 ans seulement ! Mais est-ce vraiment si ambitieux ? Après tout, seulement neuf ans séparent le fameux discours de Kennedy annonçant sa volonté d’emmener l’homme sur la Lune, en 1962, et les premiers pas de Neil Armstrong là-bas, en 1969 ! Ne sommes-nous pas capables de réaliser le même exploit avec quelques années de moins ? Rappelons tout de même que 50 ans avant la mission Apollo XI, l’homme réalisait le premier vol transatlantique de l’histoire… Quels progrès avons-nous accomplis, nous, en un demi-siècle ?

Artemis ?

Le programme Artemis s’articule pour le moment autour de trois grandes phases :

  • Artemis 1 sera un vol test non habité du véhicule spatial Orion, prévu pour le début de l’année 2021
  • Artemis 2 emportera Orion et un équipage d’astronautes autour de la Lune en 2022, tandis qu’une petite station spatiale, le Lunar Gateway, sera placée en orbite autour de la Lune
  • Et Artemis 3 enverra des astronautes depuis la capsule Orion jusqu’au Lunar Gateway. Depuis la station, un homme et une femme se poseront ensuite sur la Lune à l’aide d’un module lunaire.

C’est le pôle sud de la Lune qui a été choisi comme lieu d’atterrissage du module, où la présence d’importantes réserves d’eau glacée est soupçonnée.

La NASA tient à le préciser : si elle se rend à nouveau sur la Lune, cette fois, c’est pour y rester, envisageant d’y établir une base qui pourrait servir de plate-forme vers des destinations plus lointaines dont, évidemment, Mars.

Mike Pence lors de son discours fin mars, en Alabama. (crédits : Maison Blanche)

Mouais…

Il y a hélas de nombreuses raisons d’être dubitatif face à ce qui ne semble être, pour le moment, qu’un effet d’annonce. La première est évidente, c’est le nerf de la guerre : l’argent. Aller sur la Lune coûte cher, très cher, horriblement cher, et un tel projet doit être accompagné d’une allonge conséquente du budget de la NASA sur plusieurs années. Ce fut le cas lors des missions Apollo : après le fameux discours de Kennedy, le budget de la NASA avait progressivement augmenté jusqu’en 1965. Il atteignait alors 4,5% du budget total du gouvernement américain, ce qui représenterait environ 42 milliards de dollars d’aujourd’hui. Au total, les Etats-Unis auraient dépensé à l’époque  112 milliards de dollars, toujours en tenant compte de l’inflation !

Une timide augmentation du budget de l’agence spatiale américaine, de 1,6 milliard de dollars, a certes été annoncée en mai dernier. C’est peu, bien peu : la NASA estime qu’il lui faudra 20 à 30 milliards de dollars, au total, pour retourner sur la Lune. Faudra-t-il donc sacrifier d’autres programmes ou missions pour permettre à Artemis de suivre les pas de son frère ?

Le budget de la NASA depuis les années 60. (crédits : Agence Science-Presse)

On pourrait tout de même arguer que certains équipements qui seront utilisés pour le programme Artemis sont déjà en développement depuis plusieurs années. C’est exact, mais ces équipements sont parfois eux-mêmes des raisons supplémentaires de douter du calendrier établi par le vice-président américain… C’est le cas du lanceur lourd Space Launch System (SLS), qui doit être aux missions Artemis ce que fut la Saturn V aux missions Apollo. Le SLS est un symbole, et mériterait à lui tout seul un article. Développée par Boeing, il accumule les retards et les dépassements de budget… Son vol inaugural est désormais prévu pour juin 2021, croisons les doigts !

La station Lunar Gateway, en orbite lunaire, chargée d’être une plate-forme d’accueil entre la Terre et le sol lunaire, a été simplifiée pour répondre à l’urgence du projet mais n’existe encore pour le moment qu’à l’état de concept.

Quant à l’atterrisseur chargée de transporter les astronautes entre la station et le sol lunaire, il n’existe tout simplement pas. Rien d’impossible, même au regard du calendrier, mais difficile sans un budget conséquent !

Autre obstacle, et non des moindres : la politique. L’année 2024 n’a pas été choisie au hasard : si Donald Trump est réélu, il s’agira de sa dernière année en tant que président. Le retour tant espéré de l’homme sur la Lune pour clôturer un mandat… Quoi de mieux pour entrer dans l’histoire ? Mais les humeurs fantasques de Trump laissent parfois dubitatif : et s’il changeait d’avis ? Un tweet qui n’est pas passé inaperçu peut le laisser à penser : il déclare qu’au vu de l’argent dépensé, la NASA devrait plutôt se focaliser sur Mars que sur la Lune… Il est aussi possible qu’il ne soit pas réélu, tout simplement, et que son successeur décide d’annuler le programme – après tout, les raisons ne manqueront pas !

Quarante-cinq ans après son dernier vol, le lanceur Saturn V, développé pour les mission Apollo, reste le plus puissant jamais conçu !

Ouais !

L’homme est ainsi fait : ses désirs d’exploration et de découverte le poussent à franchir les montagnes, traverser les océans, s’élever vers les étoiles. Après quarante années passées à se contenter de l’orbite terrestre basse, l’homme serait-il de retour dans l’espace ? De nouveau, on se prend à rêver à de nouveaux horizons, à imaginer une base lunaire constamment occupée, à espérer voir des astronautes marcher sur Mars de notre vivant…

Faut-il y croire, à ce programme ? Allez, soyons optimistes. Au moins, nous aurons rêvés, quitte à être déçus au réveil.

Depuis les années 60, l’industrie spatiale a énormément évolué, et il faut désormais compter avec une multitude d’entreprises privées, SpaceX et Blue Origin en tête. Dans son discours en mars, Mike Pence est catégorique : la NASA doit se rendre sur la Lune en 2024 par tous les moyens nécessaires, et cela n’exclue évidemment pas de revoir certains contrats en cours pour y arriver.

Évoquant clairement les retards du lanceur Space Launch System, il précise :

Si nos prestataires actuels ne peuvent pas atteindre cet objectif, nous en trouverons d’autres qui le pourront. […] Et si les fusées commerciales sont le seul moyen d’emmener les astronautes américains sur la Lune au cours des cinq prochaines années, alors ce seront des fusées commerciales.

Depuis, Blue Origin a présenté un premier concept d’atterrisseur lunaire, appelé Blue Moon. S’il n’est pas conçu pour embarquer des astronautes, il pourrait tout à fait servir pour transférer du fret entre la station Gateway et la surface lunaire. Blue Origin se dit prête à travailler en ce sens avec la NASA.

Le rover Yutu-2. (crédits : CNSA)

La géopolitique mondiale, une fois de plus, pourrait bénéficier au projet. La course à l’espace semble bien être repartie, et la Lune en est le premier jalon ! La Chine, sans grande communication mais avec beaucoup d’efficacité, multiplie les succès avec ses robots, et notamment Chang’e 4 et son rover Yutu-2, le premier à explorer la face cachée de la Lune. Elle compte y envoyer des hommes à la fin de la décennie 2020. Si les projets russes, européens ou même indiens sont encore assez nébuleux, ils sont la preuve que les acteurs spatiaux se multiplient sur la scène internationale. C’est ainsi et c’est tant mieux : l’espace est en train de devenir multipolaire. Les américains se laisseront-ils distancer ?

Bon… Où en est-on ?

Ces derniers jours, plusieurs annonces sont venues alimenter les espoirs et les inquiétudes.

Le 10 juillet dernier, la NASA a annoncé le remplacement du responsable des vols spatiaux habités, Bill Gerstenmaier, qui occupait ce poste depuis 2004. La décision, officiellement, a été prise par Jim Bridenstine, actuel administrateur de la NASA, qui a déclaré que le moment était venu pour un nouveau leadership. Officieusement, certains y voient la patte de la Maison Blanche, qui serait frustrée des retards à répétition et souhaiterait accélérer la mise en œuvre du programme Artemis.

Les paroles de Mike Pence, lors de son discours en mars, étaient d’ailleurs éloquentes :

Si la NASA n’est actuellement pas en mesure de poser des astronautes américains sur la Lune dans cinq ans, nous devrons changer l’organisation, pas la mission.

Toujours est-il que le départ de Gerstenmaier inquiète : figure de l’agence dans laquelle il y travaille depuis 1977, c’est un homme expérimenté et soucieux de la sécurité – peut-être au détriment des calendriers ?

Et à mesure que se rapproche la date anniversaire des premiers pas de Neil Armstrong, le 20 juillet, une rumeur grandit au sein de la NASA, : le président Trump préparerait une annonce importante, peut-être même liée… à Mars.

A ce sujet, Bridenstine a déclaré :

Il veut que nous parlions d’aller sur Mars, ce qui est bien entendu l’objectif. Et il comprend que nous devons aller sur la Lune pour nous rendre sur Mars. Mais il veut certainement que nous parlions de Mars, car c’est ce qui capte l’imagination du peuple américain et du monde.

D’autres rumeurs font état d’un programme simplifié, sans la station Gateway, qui est pourtant primordiale pour faciliter le transit entre la Terre et la Lune et sans laquelle Artemis ne risque de devenir, finalement, qu’une mission Apollo de plus… Est-ce vraiment ce que nous attendons du XXIe siècle ?

(crédits image de couverture : Nathan Koga / NSF / L2)

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Les rêves de Jeff Bezos http://dans-la-lune.fr/2019/05/27/les-reves-de-jeff-bezos/ http://dans-la-lune.fr/2019/05/27/les-reves-de-jeff-bezos/#respond Mon, 27 May 2019 16:15:38 +0000 http://dans-la-lune.fr/?p=2014 L’homme le plus riche du monde ne trouve plus la Terre à sa taille, et lorgne désormais vers le cosmos. Au-delà de son programme lunaire, il entrevoit un futur digne d’un roman de science-fiction, où l’homme essaime dans le Système solaire à bord de gigantesques vaisseaux en forme de cylindres… Des cylindres lancés vers l’infini […]

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L’homme le plus riche du monde ne trouve plus la Terre à sa taille, et lorgne désormais vers le cosmos. Au-delà de son programme lunaire, il entrevoit un futur digne d’un roman de science-fiction, où l’homme essaime dans le Système solaire à bord de gigantesques vaisseaux en forme de cylindres…

Des cylindres lancés vers l’infini

Le 9 mai dernier, dans le cadre d’une conférence de presse à Washington, la société américaine Blue Origin a dévoilé un atterrisseur lunaire appelé Blue Moon et capable de transporter jusqu’à 3,6 tonnes de fret. Il devrait être prêt pour 2024.

Au cours de l’événement, le patron de Blue Origin, Jeff Bezos, par ailleurs patron d’Amazon et homme le plus riche du monde, a précisé sa vision de l’espace. La Lune, dans ce cadre, n’est qu’une modeste première étape. La place de l’homme, explique-t-il, est dans l’espace. Il n’ignore pas pour autant les problèmes auxquels est confrontée l’humanité sur Terre, à commencer par la pauvreté et la pollution. Ce sont, explique-t-il, des problèmes qui nécessitent des solutions à court terme :

Mais il y a aussi des problèmes à long terme, et nous devons y travailler également. Ils prennent beaucoup de temps à résoudre. Vous ne pouvez pas attendre que les problèmes à long terme deviennent urgents pour y remédier.

Le problème principal à long terme ? L’approvisionnement en énergie, qui devrait être épuisé sur Terre d’ici quelques siècles. Or, le progrès technologique en dépend directement. Il va donc falloir en trouver ailleurs. Bonne nouvelle : l’espace en regorge !

Bezos voit loin, très loin, et imagine des millions de gigantesques structures cylindriques en rotation flottant dans le Système solaire, et abritant chacune des millions de personnes au sein de villes, de campagnes verdoyantes, et de grandes zones agricoles ou de loisirs. Certaines villes pourraient reproduire les architectures de villages bavarois, ou français, ou des grandes métropoles américaines, d’autres seraient tout simplement futuristes. Le tout sans pluie, sans catastrophes naturelles, et avec une gravité artificielle – bien que certaines pourraient être en gravité zéro pour expérimenter les joies de pouvoir voler. Une vie idyllique, en somme, où tout est possible et envisageable. Et les industries qui polluent actuellement la Terre pourraient elles aussi être déplacées dans des cylindres afin de protéger notre berceau.

Un concept de cylindre dévoilé par Blue Origin.

Dans une interview accordée au site Business Insider en 2018, Bezos résume sa pensée :

Le système solaire peut facilement supporter un milliard de milliards d’êtres humains. Et si nous avions un milliard de milliards d’humains, nous aurions mille Einstein et mille Mozart et, à toutes fins utiles, des ressources et de l’énergie solaire illimitées. C’est le monde dans lequel je veux que les arrière-petits-enfants de mes arrière-petits-enfants vivent.

En fait, l’un des principaux inspirateurs de Jeff Bezos à ce sujet est le physicien américain Gerard O’Neill, qui conçut dans les années 70 plusieurs concepts de vaisseaux spatiaux capables d’accueillir des dizaines de milliers, voire des millions de personnes. Les cylindres qui portent son nom ont essaimé dans la science-fiction, notamment dans le film Interstellar (Christopher Nolan, 2014), dont j’ai déjà parlé dans un précédent article.

Dans une interview donné au magazine Omni, O’Neill précise. Définitivement, elle se rapproche de celle de Bezos. Effrayé par les conclusions du club de Rome qui prévoyait dès les années 70 l’épuisement des ressources terrestres et donc la nécessité de refréner les libertés individuelles et économiques, il voit les colonies spatiales comme un moyen de limiter la population terrestre sans limiter la population humaine et son développement. Dans l’espace, selon O’Neill, plus de problème de frontières, de densité de population, d’affrontements territoriaux.

Ambitieux, il résume :

D’ici un siècle, vous verrez des colonies spatiales partout dans le Système solaire. Dans mon livre, 2081, j’ai localisé l’une d’elles à de nombreuses heures-lumière du Soleil, bien au-delà de Pluton. La colonie pourrait avoir un environnement semblable à la Terre et un ensoleillement également semblable à celui de la Terre grâce aux grands miroirs de collecte. Vous pouvez même localiser des colonies spatiales autour de n’importe quelle étoile. En fait, chaque étoile autour de nous est une cible favorable pour la migration humaine.

Il n’est sans doute pas inutile de rappeler que Bezos a été étudiant de O’Neill au milieu des années 80, à l’Université de Princeton (Etats-Unis)… A cette époque, la crise économique avait freiné les ardeurs de la NASA sur l’exploration spatiale par l’homme, et les idées de O’Neill avaient désormais des allures de projet de science-fiction…

Un tore de Stanford, autre superstructure imaginée dans les années 70.

Repousser les horizons

Quelque part, il est légitime de s’interroger sur les fantasmes de ces milliardaires pour qui la fuite d’une planète amenée à devenir progressivement invivable ou le transhumanisme semblent être devenus les moyens d’échapper à la condition humaine sur Terre et à la seule justice qui, à terme, nous emportera tous sans exception vers la mort. Jeff Bezos, en particulier, se garde bien d’évoquer l’empreinte écologique d’Amazon, les dures conditions de travail des employés de son groupe, ou la destruction progressive du commerce traditionnel qu’il entraîne… Il refuse évidemment également d’entrevoir un futur où la croissance serait entravée, où nos modes de vie individuels seraient impactés. Rassurez-vous, et levez les yeux, nos arrière-petits enfants vivront dans l’espace ! Oubliez aujourd’hui, pensez plutôt à après-demain…

En fait, faisant fi des périls qui menacent le monde actuel, Bezos semble rêver à un futur désuet, tel qu’il était imaginé dans les années 70, durant les Trente glorieuses, lorsque tout semblait possible. Les illustrations fournies par Blue Origin présentent des mondes en carton-pâte, idéalisés, qui semblent sortis d’un parc Disney. Un futur hypothétique qui ne pourrait advenir que dans plusieurs siècles est-il autre chose qu’un rêve de science-fiction ?

Mais ne faut-il pas aussi se féliciter que quelques rares personnes qui ont une ambition aussi démesurée que leur richesse décident d’employer leur fortune à repousser les frontières de l’exploration spatiale ? Indéniablement, avec ses lanceurs réutilisables, SpaceX, l’entreprise américaine dirigée par le très médiatique Elon Musk, a fait bouger les lignes. Et l’atterrisseur lunaire présenté par Blue Origin pourrait, peut-être, servir à la NASA pour faire retourner l’homme sur la Lune en 2024. Par ailleurs, les rêves du russe Yuri Milner pour la recherche de vie extraterrestre ou pour envoyer une sonde vers Alpha du Centaure, l’étoile la plus proche de notre Soleil, ont le mérite de remettre sur la table des sujets ambitieux qui n’avaient plus été évoqués depuis les années 70 et la fin des missions Apollo.

Une voile solaire du projet Starshot de Yuri Milner (vue d’artiste).

Les années se succédant, amenant avec eux leur lot de crises économiques, de guerres et de périls climatiques, nous semblons avoir oublié nos rêves d’antan, ceux qui emportaient l’homme toujours plus loin dans les étoiles. Nous nous sommes contentés de ces sublimes images rapportées par les sondes américaines, soviétiques, européennes ou japonaises, en pensant que l’espace, trop froid, trop périlleux, trop loin, était peut-être finalement réservé à la robotique.

Les déclarations parfois fantasques, les calendriers souvent irréalistes, les projets toujours démesurés peuvent certes agacer, mais ils rappellent cette fameuse phrase de Constantin Tsiolkovski (1857 – 1935), pionnier de l’astronautique :

La Terre est le berceau de l’humanité, mais on ne passe pas sa vie entière dans un berceau.

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L’agriculture spatiale – 3 – La question de l’eau http://dans-la-lune.fr/2019/03/22/lagriculture-spatiale-3-la-question-de-leau/ http://dans-la-lune.fr/2019/03/22/lagriculture-spatiale-3-la-question-de-leau/#comments Fri, 22 Mar 2019 16:53:48 +0000 http://dans-la-lune.fr/?p=1963 En janvier 2019, la Chine annonce avoir fait pousser les premières plantes sur la Lune, à bord de son rover Chang’e 4. Malheureusement, elles sont mortes quelques jours plus tard. Même si l’expérience s’est terminée là, elle aura mis le sujet de l’agriculture spatiale sur la table. Car dès lors que l’homme voudra s’éloigner de […]

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En janvier 2019, la Chine annonce avoir fait pousser les premières plantes sur la Lune, à bord de son rover Chang’e 4. Malheureusement, elles sont mortes quelques jours plus tard. Même si l’expérience s’est terminée là, elle aura mis le sujet de l’agriculture spatiale sur la table. Car dès lors que l’homme voudra s’éloigner de son berceau, il faudra fatalement penser à son alimentation, non seulement dans l’espace mais aussi à destination.

1 – Fermes cosmiques
2 – Nouveaux sols fertiles
3 – La question de l’eau

Il n’y a pas d’homme sans eau

Dans l’espace, c’est évident, l’homme n’ira pas loin sans eau. Après tout, le corps humain est composé d’environ 65% d’eau, et on estime que près d’un octillion de molécules d’eau traversent chaque jour notre corps. Un octillion ? Tout simplement 1 000 000 000 000 000 000 000 000 000 de molécules d’eau, voilà. Certains organes contiennent plus d’eau que d’autres : ainsi le cerveau en contient 79%, le plasma sanguin 90% ; contre 23% dans les os, et seulement 1% dans l’ivoire des dents ! Le corps élimine 2,4 litres d’eau par jour, principalement par la respiration, la transpiration et dans les urines. Ces pertes doivent être compensées par des apports en eau suffisants, à travers l’alimentation et la boisson. Un homme ne peut guère vivre plus de deux à trois jours sans eau.

L’eau est également indispensable à la production de notre alimentation. L’agriculture ne peut évidemment pas s’envisager sans eau. A titre d’exemple, qu’elle soit apportée naturellement par l’environnement, ou artificiellement par l’homme, il faut près de 600 litres d’eau pour produire un kilo de blé, 900 pour un kilo de soja, et pas moins de 13 500 pour un kilo de viande de bœuf ! Et les différentes méthodes d’agriculture spatiale évoquées dans les deux premières parties de ce dossier nécessitent toutes de l’eau.

L’astronaute Scott Kelly s’amuse avec de l’eau à bord de la Station spatiale internationale.

Bref, à moins d’abandonner son enveloppe biologique, l’exploration spatiale de l’espace par l’homme passe forcément par la question de l’eau. Une question qui deviendra d’autant plus complexe et fondamentale à mesure qu’il s’éloignera de la Terre. Comment la transporter, la produire, la stocker, l’utiliser ?

L’eau sur la Station

La Station spatiale internationale (ISS) est située à quelques quatre-cent kilomètres au-dessus de nos têtes, et abrite généralement un équipage de six astronautes. Ils disposent d’un distributeur d’eau, utilisé à la fois pour remplir des pochettes en aluminium de boisson, pour hydrater les aliments, et pour humidifier des lingettes utilisées pour la toilette corporelle. Chaque membre de l’équipage consomme ainsi quotidiennement environ 3,5 litres d’eau.

Le distributeur d’eau de la Station (crédits : David Saint-Jacques)

Envoyer un litre d’eau dans l’espace étant extrêmement coûteux, le rationnement et le recyclage sont essentiels. L’ISS dispose d’un stock d’environ 2000 litres d’eau, fourni lors de diverses missions d’approvisionnement. Et deux systèmes différents, l’un américain et l’autre russe, permettent de recycler l’eau, qu’elle provienne de la condensation, de la transpiration, ou encore des urines (en ce qui concerne le système américain, en tout cas).

Les missions spatiales humaines des années 60 et 70 étaient relativement courtes, et n’excédaient que rarement la douzaine de jours passés au total dans l’espace. L’intégralité de l’eau nécessaire à l’équipage pouvait donc être stockée dans les fusées.

Ce n’est plus le cas avec l’allongement de la durée des missions. La gestion de l’eau dans l’espace impose donc aujourd’hui de fermer le circuit, ou d’en faire une boucle, et de rapprocher progressivement les astronautes de l’autonomie pour réduire les approvisionnements, comme le résume un article du site de l’ESA (Agence Spatiale Européenne) :

La durée des missions spatiales a commencé à augmenter graduellement, rendant nécessaire des approvisionnements supplémentaires, ce qui a commencé à poser des limites à la durée possible d’un vol. Pour réaliser des missions de longue durée, il est dès lors crucial de « fermer » un certain nombre de circuits nécessaires pour la vie.

L’eau dans l’Univers

Ceci étant dit, comment s’approvisionner en eau, bien au-delà de la Station spatiale internationale, sur la Lune, sur Mars, voire encore plus loin ? L’approvisionnement depuis la Terre, pour des raisons économiques, logistiques et éthiques, est inconcevable. Il faudra donc trouver de l’eau ailleurs, et en abondance.

Bonne nouvelle : l’Univers en regorge. Cela peut sembler a priori incongru puisque la Terre est à ce jour le seul corps céleste sur laquelle la présence d’eau liquide soit connue. Et pourtant : plus l’exploration spatiale progresse, plus l’eau semble abondante dans l’Univers.

C’est vrai dans notre Système solaire :

  • La Lune semble abriter de la glace d’eau dans les cratères de ses pôles
  • Mars cacherait de l’eau liquide sous sa surface
  • La présence d’océans est soupçonnée sous la surface de certaines lunes de Jupiter et Saturne, comme Europe, Encelade ou Titan…
  • … Et même sous la surface des planètes naines Cérès et Pluton !
  • Et d’autres corps renferment également de l’eau, par exemple les comètes ou les astéroïdes
Pluton, photographiée par la sonde New Horizons de la NASA.

C’est aussi vrai en dehors de notre Système solaire, même si les recherches se compliquent forcément. D’innombrables planètes orbitant autour de la zone habitable d’innombrables étoiles, présentent sans doute de l’eau liquide à leur surface. L’existence de planète océans est également fortement soupçonnée, et Gliese 1214 b, située à 40 années-lumière de la Terre, serait peut-être même la première planète de ce type a avoir été identifiée.

Au-delà du sujet qui nous intéresse dans ce dossier, à savoir l’agriculture, la quête de l’eau dans l’Univers est un domaine fascinant et en pleine expansion car intimement lié à l’exobiologie, qui étudie l’apparition et le développement de la vie dans l’Univers. Il y a donc fort à parier que de futures missions viendront confirmer et préciser ces premiers éléments.

En somme, l’eau est là, et il « suffira » d’aller la chercher pour approvisionner notre future agriculture spatiale.

Dans le désert, l’or est inutile, et l’eau inestimable

De l’eau : pour boire, pour développer une agriculture, mais aussi pour fabriquer du propergol, produit utilisé pour propulser les fusées, et notamment composé d’hydrogène et d’oxygène. Faut-il le rappeler, une molécule d’eau, dont la formule est H2O, est justement formée d’un atome d’oxygène et de deux atomes d’hydrogène ! De quoi simplifier les lancements et les réapprovisionnements des futures fusées lunaires.

Dans un article consacré au sujet sur le site The Verge, Julie Brisset, Julie Brisset, associée de recherche au Florida Space Institute, explique :

L’idée serait de lancer une sorte de chaîne d’approvisionnement en dehors de la Terre pour certains produits – en particulier l’eau propulsive – afin de faciliter la navigation dans l’espace d’un corps à l’autre.

Mais comment s’y prendre, concrètement ? Les premiers essais de forage sur d’autres corps que la Terre sont extrêmement modestes. Sur Mars, le rover Curiosity creuse des petits trous de quelques centimètres dans le sol pour récupérer des échantillons et les analyser, tandis que la sonde InSightest théoriquement capable d’aller jusqu’à 5 mètres de profondeur (dans un sol exempt de roches).

Deux petits trous de quelques centimètres de profondeur forés par Curiosity (crédits : NASA / JPL-Caltech / MSSS)

Avant d’envisager un essai de grande ampleur et à visée industrielle sur la Lune, sur Mars ou ailleurs, il faudra de toute façon analyser le sol, sa consistance, et chercher le meilleur endroit pour forer, à l’aide d’atterrisseurs et de rovers : en somme, prospecter.

Irréaliste ? En tout cas envisagé ! Une table ronde s’est tenue en 2018 sur le sujet des ressources minières spatiales, à la Colorado School of Mines (Etats-Unis). L’exploitation minière lunaire, concernant principalement les gisements de glace, est estimée comme étant réalisable d’ici environ une décennie. L’incertitude, pour le moment, ne demeure pas tant sur la méthode utilisée pour extraire cette glace, mais plus sur sa composition, qui détermina ensuite la façon de l’extraire et de l’exploiter.

Philip Metzger, de l’Institut spatial de Floride, a déclaré à ce sujet :

Nous ne savons pas s’il s’agit principalement de » neige sale « ou de morceaux de glace pure de la taille d’un gravier mélangés à du régolithe, ou encore autre chose.

Et du côté de la NASA ? Après avoir annulé en 2018 la mission Ressource Prospector, qui était censée envoyer un rover vers les régions polaires de la Lune à la recherche d’hydrogène et d’oxygène, l’agence spatiale américaine a annoncé que ses instruments seraient déployés sur d’autres programmes, sans guère plus de précision pour le moment. Il est vrai que depuis, le programme lunaire s’est réorienté vers l’exploration humaine de la Lune, en commençant par la station spatiale orbitale lunaire Plateform-Gateway.

La station lunaire de la NASA pourrait prendre la relève de l’ISS. (crédits : NASA)

Cela n’empêche toutefois pas de poursuivre les réflexions et premières expérimentations, menées depuis déjà depuis plusieurs années. Un rapport collaboratif publié en 2018 résume l’état actuel de la recherche sur le minage lunaire, et propose un plan d’action plutôt ambitieux pour résoudre à la fois les défis techniques mais aussi juridiques qui permettront l’exploitation des futures mines lunaires par des sociétés commerciales.

Un rapport similaire publié en 2016 revenait lui sur Mars, sur les zones souterraines où l’eau est la plus facilement accessible, et sur les techniques à envisager, en se référant notamment à des tests de forage de glace effectués en Antarctique.

Il aura fallu dix mille ans pour que l’agriculture se répande sur Terre, depuis la révolution néolithique. Elle permet aujourd’hui de nourrir près de 7,6 milliards d’êtres humains. Si l’homme, par pur désir d’exploration, par volonté colonisatrice, ou tout simplement pour survivre, décide d’essaimer dans l’espace, il devra emporter avec lui son agriculture, et se fournir en eau sur place. Le défi de l’agriculture spatiale est immense, mais indispensable.

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