La rédaction – Dans la Lune Vers l'infini, et au-delà ! Sun, 07 Nov 2021 19:06:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.8.2 https://i1.wp.com/dans-la-lune.fr/wp-content/uploads/2020/11/cropped-Dans-la-lune-favicon-couleur.jpg?fit=32%2C32&ssl=1 La rédaction – Dans la Lune 32 32 7541914 #4 Le space horror en jeu-vidéo /2021/11/05/4-le-space-horror-en-jeu-video-guillaume-baychelier/ /2021/11/05/4-le-space-horror-en-jeu-video-guillaume-baychelier/#respond Fri, 05 Nov 2021 18:33:04 +0000 http://dans-la-lune.fr/?p=2451 Dans l’espace, personne ne vous entendra crier, disait l’affiche du film Alien, de Ridley Scott, sorti en 1979. Ce qui est vrai au cinéma l’est aussi en jeu-vidéo. Le genre du space-horror est peut-être moins prolifique derrière une manette que dans les salles obscures, mais cela ne l’empêche pas d’être particulièrement efficace. Âmes sensibles s’abstenir […]

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Dans l’espace, personne ne vous entendra crier, disait l’affiche du film Alien, de Ridley Scott, sorti en 1979. Ce qui est vrai au cinéma l’est aussi en jeu-vidéo. Le genre du space-horror est peut-être moins prolifique derrière une manette que dans les salles obscures, mais cela ne l’empêche pas d’être particulièrement efficace. Âmes sensibles s’abstenir : nous avons rendez-vous avec Guillaume Baychelier.

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Parmi les jeux cités par moi ou ce cher Guillaume (liste non exhaustive) :

  • Les sagas Resident Evil et Silent Hill
  • La trilogie Dead Space
  • Le très grand Alien Isolation
  • Moons of Madness
  • Adrift
  • Star Citizen
  • Elite : Dangerous
  • No Man’s Sky
  • Le très cool Outer Wilds (à ne pas confondre avec le très naze Outer Worlds)

Crédits audio :
Home – Hold
Jason Graves – Dead Space Theme

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#3 L’incroyable mission Hayabusa 2 /2021/10/16/3-lincroyable-mission-hayabusa-2-aurelie-moussi/ /2021/10/16/3-lincroyable-mission-hayabusa-2-aurelie-moussi/#respond Sat, 16 Oct 2021 07:38:54 +0000 http://dans-la-lune.fr/?p=2445 Après un voyage de 4 ans et près de 3 milliards de km parcourus, la sonde japonaise Hayabusa-2 est entrée en orbite en 2018 autour de l’astéroïde Ryugu. Elle a ensuite lâché trois rovers et un atterrisseur à sa surface, avant de récolter plusieurs échantillons de son sol pour les ramener sur Terre. C’est une […]

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Après un voyage de 4 ans et près de 3 milliards de km parcourus, la sonde japonaise Hayabusa-2 est entrée en orbite en 2018 autour de l’astéroïde Ryugu. Elle a ensuite lâché trois rovers et un atterrisseur à sa surface, avant de récolter plusieurs échantillons de son sol pour les ramener sur Terre. C’est une mission ambitieuse, fascinante, et pionnière à bien des égards. On y revient dans le détail aujourd’hui : nous avons rendez-vous avec Aurélie Moussi.

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Allez, quelques liens pour approfondir le sujet :

  • La vidéo, forcément, du second impact de la sonde sur l’astéroïde
  • La page Wiki consacrée à l’article est particulièrement complète

Crédits audio :
Home – Hold
Sunforest – Overture to The Sun

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#2 Laniakea, continent de galaxies /2021/09/22/2-laniakea-continent-de-galaxies-daniel-pomarede/ /2021/09/22/2-laniakea-continent-de-galaxies-daniel-pomarede/#respond Wed, 22 Sep 2021 19:47:57 +0000 http://dans-la-lune.fr/?p=2437 Quelle est notre position dans l’Univers ? C’est plutôt simple, me direz-vous : la Terre orbite autour du Soleil avec un cortège de 7 autres planètes, et ce Système solaire se trouve dans la Voie Lactée, une galaxie qui comporte plusieurs centaines de milliards d’autres étoiles. Mais au-delà ? Andromède, oui, mais encore au-delà ? Grâce à la cosmographie, […]

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Quelle est notre position dans l’Univers ? C’est plutôt simple, me direz-vous : la Terre orbite autour du Soleil avec un cortège de 7 autres planètes, et ce Système solaire se trouve dans la Voie Lactée, une galaxie qui comporte plusieurs centaines de milliards d’autres étoiles. Mais au-delà ? Andromède, oui, mais encore au-delà ? Grâce à la cosmographie, l’homme est désormais capable de cartographier en 3 dimensions la position des galaxies qui nous entourent, découvrant ainsi de véritables continents de galaxies, appelés des superamas.

Nous allons aujourd’hui voyager très loin dans l’infiniment grand, à la découverte de l’une des plus grandes structures connues de l’Univers, Laniakea, découverte en 2014. Nous avons rendez-vous avec Daniel Pomarède…

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Quelques liens pour poursuivre le voyage :

  • La vidéo de Laniakea publié en 2014 par le site Nature
  • Une conférence d’Hélène Courtois, codécouvreur de Laniakea
  • Un épisode de La Méthode scientifique où Daniel Pomarède parle des vides cosmiques !

Crédits audio :
Home – Hold
Zbigniew Preisner – Lacrimosa (Requiem for my friend)

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La Nuit du Faune – Romain Lucazeau /2021/09/12/la-nuit-du-faune-romain-lucazeau/ /2021/09/12/la-nuit-du-faune-romain-lucazeau/#comments Sun, 12 Sep 2021 09:09:03 +0000 http://dans-la-lune.fr/?p=2427 Prudence : cet article révèle quelques éléments importants de l’intrigue. Le nouveau roman de Romain Lucazeau, La Nuit du Faune, a le potentiel de pouvoir emmener un public néophyte vers un genre souvent considéré comme particulièrement ardu – la hard-SF. Relativement court – 250 pages – il se pare des jolis atours du conte pour […]

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Prudence : cet article révèle quelques éléments importants de l’intrigue.

Le nouveau roman de Romain Lucazeau, La Nuit du Faune, a le potentiel de pouvoir emmener un public néophyte vers un genre souvent considéré comme particulièrement ardu – la hard-SF. Relativement court – 250 pages – il se pare des jolis atours du conte pour emmener son lecteur vers un voyager vertigineux jusqu’aux confins du cosmos. On le pressentait avec Latium, son précédent roman, on en a désormais la confirmation : Lucazeau est un grand auteur de SF, ou plutôt un grand auteur tout court.

Le Sense of wonder à la portée de tous

La Nuit du Faune démarre comme un mythe universel, comme le chant d’un aède, comme un vieux conte qui se transmet auprès de l’âtre, de grands-mères en petits enfants. Après un voyage éreintant, un faune rencontre une petite fille au sommet d’une montagne légendaire, dans un endroit longtemps jugé inaccessible. Elle semble être là depuis longtemps, très longtemps, trop longtemps sans doute, et pourtant après ses réserves initiales elle l’accueille chaleureusement et lui propose un surprenant voyage qui l’amènera loin, très loin, bien au-delà des limites du monde connu par le faune et ses congénères.

Le lecteur comprendra bien vite que la petite fille en question, appelée Astrée, est en fait la dernière survivante d’une civilisation post-humaine, devenue complètement transhumaniste, que sa montagne est une machine complexe destinée à la protéger, et que le faune qu’elle surnommera Polémas est issu d’une espèce qui a peuplé la Terre bien après la disparition de l’homme.

Avec son conte philosophique, Romain Lucazeau prend le contre-pied de son précédent romain, Latium (2018), vaste space opera.

C’est là tout le brio du nouveau roman de Romain Lucazeau : se montrer très accessible, prendre doucement le lecteur par la main en lui rappelant des récits universels pour l’emmener progressivement vers des contrées nettement moins familières, à travers un genre souvent considéré comme particulièrement ardu : la hard SF. Faut-il posséder un doctorat en physique pour lire du Greg Egan ? Sans doute pas, encore que cela doit aider, mais il est vrai que la hard SF, qui recherche à tout prix la crédibilité scientifique en collant au plus près aux théories et hypothèses en vigueur, est un genre relativement obscur, peu accessible aux néophytes. Ce qui est dommage puisqu’il est particulièrement générateur de sense of wonder, ce sentiment d’émerveillement propre à la science-fiction. Avec La Nuit du Faune, Romain Lucazeau offre enfin aux profanes l’occasion de goûter aux vertiges procurés par la hard SF.

Un avant-goût de l’infini

Le vertige du cosmos, c’est le vertige du temps autant que de l’espace. Les distances spatiales sont ce qu’elles sont, immensément grandes, déroutantes, frustrantes parfois à bien des égards, effrayantes peut-être… Autant de qualificatifs qui s’appliquent aussi aux distances temporelles, difficilement appréhendables par la conscience humaine, façonnée par son intuition et son expérience tout au long d’une vie qui ne durera guère plus d’un siècle. Un million d’années, c’est autre chose qu’un siècle, chacun en conviendra. Un milliard, n’en parlons même pas. A l’aide de métaphores élégantes, et grâce à une écriture qui se rapproche parfois de la poésie en prose, Romain Lucazeau démarre ce voyage de la plus belle des manières, et le lecteur se sent forcément dérouté, écrasé presque par les années qui le surplombent. Un vertige qui n’est pas sans rappeler le fameux calendrier cosmique de Carl Sagan, autre méthode pour faire ressentir à l’homme ce que signifie réellement l’âge de l’Univers ou de la Terre.

Ce voyage à travers le temps, raconté par Astrée, est nécessaire pour bien comprendre le cycle de la vie sur Terre et plus globalement à travers l’Univers. Pour Romain Lucazeau, point de Grand Filtre, du nom de cette hypothèse qui explique que des barrières pourraient entraver l’accès à l’espace des civilisations planétaires. L’Univers grouille de vie, ne serait-ce que dans le Système solaire, depuis les lunes glacées d’Encelade (un corps il est vrai particulièrement prometteur pour les exobiologistes), jusqu’aux nuages de Jupiter (rappelant là encore les hypothèses de Carl Sagan). La vie foisonne, voyage de corps en corps, s’étend à travers le cosmos, se transforme, quitte son enveloppe biologique, et se rassemble en meta-civilisations aux ambitions galactiques.

Vie hypothétique dans les nuages de Jupiter. (crédits : Adolf Schaller)

Evidemment, l’espace est un lieu propice à la mélancolie, comme la SF l’a déjà largement démontré. De mon côté, il m’arrive parfois de lever et les yeux et de ressentir une grande mélancolie en pensant à ces étoiles sans doute à jamais inaccessibles, aux progrès extraordinaires et pourtant si dérisoires de l’exploration spatiale à l’échelle de la galaxie, au fait que peut-être je m’éteindrais un jour sans savoir si, quelque part, une vie extraterrestre, ne serait-ce que microscopique, existe.

Romain Lucazeau prend le contre-pied total de ces thèmes assez classiques : l’espace peut rester profondément mélancolique, même avec un Univers foisonnant de vie, il demeure également effrayant, surtout quand des forces de nature quasiment divines, capables de maîtriser l’espace, le temps, la matière et la gravité, se livrent des guerres durant des millions d’années. Agrégé de philosophie, épris de métaphysique, Lucazeau questionne constamment le destin de l’Univers et des civilisations qui le composent. Le tout, et c’est une prouesse, en restant toujours clair, synthétique, et acceesible.

Véritable synthèse de la hard-SF, La Nuit du Faune fourmille d’idées absolument géniales qui chacune pourraient donner lieu à de grands romans. Sans en dévoiler la teneur, le dernier tiers du roman, proprement épique, atteint des sommets de sense of wonder. J’en suis personnellement ressorti complètement ébahi.

On se sent un peu minuscule, en lisant La Nuit du Faune, après tout c’est ce qu’on attendait d’un roman qui promettait de nous raconter l’impermanence des civilisations. Et on se plaît à rêver aussi, en levant les yeux et en contemplant les étoiles et le vide qui les sépare. Là encore, ce n’est rien moins que l’essence pure de la science-fiction. Un chef-d’œuvre ? Ouais, clairement.

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#1 Philip K. Dick, l’homme derrière le mythe /2021/09/01/1-philip-k-dick-lhomme-derriere-le-mythe-laurent-queyssi/ /2021/09/01/1-philip-k-dick-lhomme-derriere-le-mythe-laurent-queyssi/#respond Wed, 01 Sep 2021 19:23:54 +0000 http://dans-la-lune.fr/?p=2416 Faut-il vraiment présenter Philip K. Dick ? Si vous aimez la science-fiction, vous le connaissez forcément. Et si vous n’aimez pas la science-fiction, et bien vous le connaissez peut-être quand même. Car l’auteur américain, qui a écrit plus de 40 romans et 120 nouvelles, largement adapté au cinéma et à la télévision, entre autres, est […]

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Faut-il vraiment présenter Philip K. Dick ? Si vous aimez la science-fiction, vous le connaissez forcément. Et si vous n’aimez pas la science-fiction, et bien vous le connaissez peut-être quand même. Car l’auteur américain, qui a écrit plus de 40 romans et 120 nouvelles, largement adapté au cinéma et à la télévision, entre autres, est parvenu à attirer un lectorat très large, loin du cercle parfois assez fermé des amateurs des littératures de l’imaginaire. En témoigne d’ailleurs la réédition de l’intégrale de ses nouvelles chez Gallimard. On dit souvent de lui qu’il est un auteur psychédélique, barré, métaphysique, drogué et paranoïaque.. Au-delà du mythe Dick, penchons-nous aujourd’hui sur l’auteur Philip, avec un spécialiste. Nous avons rendez-vous avec Laurent Queyssi…

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Et pour poursuivre les voyages dickiens, quelques suggestions :

crédits musicaux :
HOME – Hold
Benjamin Wallfisch, Hans Zimmer – Tears in the Rain (Blade Runner 2049)

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Le mythe de la Terre plate au Moyen-Âge /2021/08/03/le-mythe-de-la-terre-plate-du-moyen-age/ /2021/08/03/le-mythe-de-la-terre-plate-du-moyen-age/#respond Tue, 03 Aug 2021 06:54:14 +0000 http://dans-la-lune.fr/?p=2392 Dans l’imaginaire collectif, le Moyen-Âge est souvent considéré comme une période sombre de l’humanité. Disparition du savoir antique,  obscurantisme religieux, misères et injustices… Comme si les hommes s’étaient perdus dans un long tunnel de près d’un millénaire, loin des lumières de l’Antiquité et de la Renaissance. Parmi les poncifs qui reviennent souvent, celui qui veut […]

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Dans l’imaginaire collectif, le Moyen-Âge est souvent considéré comme une période sombre de l’humanité. Disparition du savoir antique,  obscurantisme religieux, misères et injustices… Comme si les hommes s’étaient perdus dans un long tunnel de près d’un millénaire, loin des lumières de l’Antiquité et de la Renaissance. Parmi les poncifs qui reviennent souvent, celui qui veut que les savants du Moyen-Âge croyaient que la Terre était plate, et qu’il aurait fallu attendre le voyage de Christophe Colomb pour les convaincre qu’elle était sphérique…

Le miracle grec

C’est là l’un des nombreux mérites qui firent entrer l’homme grec dans l’histoire : tenter de comprendre  le monde par la raison, il y a de cela plus de deux millénaires et demi. Remplacer le mythe par la science, ne plus seulement voir dans ces points qui illuminent le ciel lorsque la nuit tombe des actions divines, mais bien des phénomènes naturels, explicables, démontrables, prévisibles. Après avoir délogé les dieux de leur trône, c’est grâce à la réflexion et à l’intuition que le savant grec put notamment :

  • Découvrir la sphéricité de la Terre
  • Calculer son diamètre
  • Placer le Soleil au centre de l’Univers
  • Ou encore supposer l’existence des atomes
Aristote

Généralement, c’est à Pythagore, ou en tout cas à  l’école qu’il a fondé, que l’on attribue la découverte de la sphéricité de la Terre, vers le Ve siècle avant Jésus-Christ. Près d’un siècle plus tard, du temps de Platon, c’est admis : la Terre est une sphère. Son élève Aristote fournira même plusieurs arguments, parmi lesquels celui de l’ombre portée de la Terre sur la Lune lors d’une éclipse, de forme circulaire. Plus tard, un autre argument devenu célèbre fera autorité : lorsqu’un navire s’éloigne vers l’horizon, sa coque disparaît et il semble s’enfoncer dans l’eau tandis que son mât demeure visible.

Dans son Histoire Naturelle, paru vers 77, Pline explique :

Du pont d’un navire, on n’aperçoit pas la terre alors qu’on la voit du haut des mâts, et que quand un vaisseau s’éloigne, un objet éclatant, placé au sommet du mât paraît descendre peu à peu, et ne devient invisible qu’après tout le reste.

Les Anciens ne s’arrêtent pas au simple concept :

  • Cratès de Mallos conçoit le premier globe
  • Ératosthène de Cyrène détermine avec une précision remarquable le rayon de la Terre
  • Dicéarque quadrille la Terre en longitude et latitude afin de faciliter le repérage

Et puis survient le crépuscule des humanités antiques. Les bibliothèques s’écroulent. Les parchemins brûlent. Le savoir antique, perdu dans la nuit, est peu à peu oublié. La Terre redevient plate, et il faudra attendre la grande expédition de Christophe Colomb, en 1492, pour que la découverte fortuite de l’Amérique en rappelle sa sphéricité. C’est en tout cas ce qui est souvent raconté, n’est-ce pas ? Et bien c’est à tort. Colomb savait pertinemment que la Terre était ronde, comme tous les savants de son époque.

Yep, il savait qu’elle était ronde. (tableau de 1862 de Dióscoro Puebla)

Aux antipodes

La Terre n’a jamais cessé d’être ronde. Elle est comparée à un œuf, à une balle, une orbe, voire à une pelote. Les textes de l’époque sont formels. Les représentations des artistes également, y compris sur des vitraux, des retables ou des tableaux religieux. Evidemment, quelques esprits la croient plate – c’était déjà le cas durant l’Antiquité – mais ils sont minoritaires et leur influence est faible.

Déjà, dans l’Antiquité tardive, le théologien africain Lactance, écrivait :

Y a-t-il quelqu’un d’assez extravagant pour se persuader qu’il y a des hommes qui aient les pieds en haut et la tête en bas […] et que la pluie et la grêle puissent tomber en montant ?

Car oui, la controverse ne portait pas tant sur la forme de la Terre que sur les antipodes (un point diamétralement opposé à un autre point sur une sphère). Comment diable serait-il possible de vivre de l’autre côté sans tomber ? Pour certains penseurs, c’est impossible. D’autres sont plus mesurés. On suppose l’existence d’une terra australis incognita, une région inconnue qui serait située dans l’hémisphère sud mais reste de toute façon inaccessible à cause des chaleurs de l’Equateur.

Là encore, rien de nouveau ! La question agitait déjà les savants de l’Antiquité… D’ailleurs Pline, encore lui, y répondait avec humour :

Le vulgaire demande pourquoi les hommes placés à l’opposite ne tombent pas : comme s’il n’était pas facile de répondre qu’eux aussi ont le droit de s’étonner que nous ne tombions pas !

L’invention de la Terre plate

Bon, c’est entendu, la Terre est restée ronde – ou plus exactement sphérique – durant le Moyen-Âge. Ouf. Mais d’où peut bien provenir cette légende si tenace qui veut qu’on la croyait alors plate ? Difficile à dire.

« Limage du monde » – représentation de la Terre dans un manuscrit de Gossuin de Metz, vers 1304.

Le Moyen-Âge est coincé entre deux périodes qui sont souvent considérées comme des « âge d’or » de l’humanité, à savoir l’Antiquité et la Renaissance. Les œuvres de fiction qui s’y déroulent insistent plus souvent sur ses horreurs – certes bien réelles – que ses avancées, entretenant l’image de siècles obscurs. Peut-on leur en vouloir ? Les historiens ont eux aussi pendant longtemps entretenu à tort cette image de l’Âge sombre

Pour le philologue autrichien Rudolf Simek, qui revient sur l’affaire en 2003 dans un numéro du magazine Pour la Science, les cartes géographiques parfois très rudimentaires utilisées au Moyen-Âge, qui figuraient dans un simple cercle toutes les terres connues, ont également contribué à l’essor du mythe. Mais n’est-ce pas le cas également de nos cartes modernes ?

Enfin, un argument plus controversé affirme que ce mythe aurait été inventé sciemment à des fins idéologiques. Dans son livre Inventing the Flat Earth (L’invention de la terre plate), paru en 1991, l’historien américain Jeffrey Burton Russell revient sur le débat qui opposa l’Eglise et la science pendant la seconde moitié du XIXème siècle, à propos de la théorie de l’évolution de Darwin. L’Eglise y est bien sûr farouchement opposée. Pour décrédibiliser l’Eglise, quelques auteurs américains populaires décident alors de répandre l’idée dans leurs œuvres qu’elle s’est également opposée à une autre vérité durant tout le Moyen-Âge – la sphéricité de la Terre : ces siècles de foi devaient forcément être des siècles d’ignorance !

Dans tous les cas, espérons que dans quelques siècles, il ne faille pas à nouveau un article de ce genre pour préciser que la majorité des humains de notre siècle savaient que la Terre était sphérique, et que la croyance dans une Terre plate n’était qu’une lubie de quelques illuminés !

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La hard SF au cinéma /2021/07/20/la-hard-sf-au-cinema/ /2021/07/20/la-hard-sf-au-cinema/#comments Tue, 20 Jul 2021 12:39:23 +0000 http://dans-la-lune.fr/?p=2372 C’est un genre littéraire réputé relativement hermétique, et peu accessible aux néophytes. Pourtant, il faut se laisser tenter, car le jeu en vaut la chandelle. Et pourquoi ne pas démarrer dans le genre en visionnant son pendant cinématographique ? Suivez-nous, on va vous faire aimer le hard ! Plus c’est dur et plus c’est bon […]

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C’est un genre littéraire réputé relativement hermétique, et peu accessible aux néophytes. Pourtant, il faut se laisser tenter, car le jeu en vaut la chandelle. Et pourquoi ne pas démarrer dans le genre en visionnant son pendant cinématographique ? Suivez-nous, on va vous faire aimer le hard !

Plus c’est dur et plus c’est bon

De la hard-SF, vous dites ? On pourrait le traduire en français par la science-fiction pure et dure, sans concession, c’est-à-dire la plus rigoureuse qui soit sur le plan scientifique, au regard des connaissances en vigueur au moment où l’auteur rédige son œuvre. Souvent considérée comme ardue, voire imbitable – parfois à raison ! – elle peut exiger du lecteur un minimum de connaissances scientifiques dans le domaine qu’elle traite, et n’hésite pas à l’abreuver de détails techniques, toujours dans l’objectif d’être plausible. Evidemment, la hard-SF, puisqu’elle traite des mondes de demain, invente le futur, mais elle le fait en cherchant à être crédible : les hypothèses d’aujourd’hui deviennent les faits de demain. En étant vraisemblables, les lendemains qui y sont décrits s’éloignent du fantastique pur : la hard-SF, c’est clairement l’inverse de Star Wars !

A titre personnel, j’ai toujours considéré Star Wars comme étant de la fantasy dans l’espace plus que de la SF, d’ailleurs.

Dans un excellent article consacré au genre, le blogueur Apophis décrit quelques-unes des caractéristiques majeures de la hard-SF :

  • Elle est axée sur le sense of wonder, le sentiment de vertige et d’émerveillement devant les mystères de l’Univers
  • Elle fait primer la réflexion sur le divertissement
  • Elle se centre sur les idées et l’univers plutôt que sur les personnages et leurs aventures

Parmi les grands noms de la hard-SF en littérature figurent notamment Robert A. Heinlein, Greg Bear, Stephen Baxter ou encore Greg Egan. Il faut s’accrocher pour réussir à suivre certaines des nouvelles d’Egan, même si une partie du plaisir consiste aussi à accepter de lâcher prise, et de se perdre dans certains des concepts théoriques vertigineux qu’il propose. Dans La plongée de Plank, par exemple, il propose un voyage vertigineux au cœur d’un trou noir, aux frontières de la connaissance humaine.

L’esprit, qui met en route les images derrière les mots, est forcément stimulé par de tels récits. On se plaît à découvrir, couchées sur le papier, les conséquences des hypothèses les plus audacieuses d’aujourd’hui. Et on se dit que le cinéma n’a pas encore suffisamment exploré ce genre pourtant si créatif. Sans doute parce que c’est un genre de niche, et qu’il demanderait forcément d’importants budgets en effets spéciaux.

La sélection Dans la Lune

Bon, il existe tout de même bien des pépites, dont je vous propose aujourd’hui une petite sélection, évidemment non exhaustive, et purement personnelle !

Destination… Lune ! – Irving Pichel (1950)

Le pionnier du genre. La hard SF reste de la hard SF même lorsque la réalité a dépassé la fiction : dix-neuf ans avant les premiers pas de Neil Armstrong, la même année qu’Hergé, et un demi-siècle après George Méliès, Pichel traite des immense défis scientifiques et techniques à relever dans le cadre d’une mission habitée sur la Lune.

2001 : L’Odyssée de l’espace – Stanley Kubrick (1968)

Est-il encore nécessaire de le présenter ? Intelligence artificielle, exploration spatiale, vie extraterrestre, le tout à la sauce métaphysique : co-écrit par le grand romancier Arthur C. Clarke, 2001 résume à lui tout seul la science-fiction, et demeure visuellement encore époustouflant, un demi-siècle après sa sortie. Sa suite, 2010 : L’Année du premier contact (1982), évidemment moins culte, vaut toutefois le détour.

Solaris – Andreï Tarkovski (1972)

Souvent présenté comme le 2001 russe, Solaris est pourtant bien moins ésotérique, et sans doute aussi moins clinique, moins froid : ici, l’intime humain se mêle à l’infini cosmique. Attention tout de même, c’est long (2h45). Un remake pas aussi nul qu’on pourrait le croire a été réalisé par Steven Soderbergh en 2002.

Les Ailes d’Honnéamise – Hiroyuki Yamaga (1987)

Un petit bijou méconnu de l’animation japonaise ! Les efforts désespérés d’une section aérospatiale au sein de l’armée d’un monde parallèle mais fort semblable au nôtre, qui cherche à rejoindre les étoiles… Hard SF ? En tout cas un soin très particulier pour rendre crédibles les technologies utilisées.

Contact – Robert Zemeckis (1997)

Cette adaptation d’un roman du scientifique britannique Carl Sagan propose une vision émouvante et merveilleuse de la hard-SF en suivant la quête d’une chercheuse du SETI à la découverte de la première civilisation extraterrestre, suite à la réception d’un étrange signal radio. L’intro à elle seule est un petit chef-d’œuvre.

Primer – Shane Carruth (2004)

Honnêtement, c’est un délire, il faut accrocher. Cette toute petite production indépendante, sans effets spéciaux ou presque, propose un scénario d’une complexité hallucinante autour du voyage dans le temps, ses conséquences et ses paradoxes insolubles. Prévoyez des dolipranes, juste au cas où.

Moon – Duncan Jones (2009)

Le premier et très prometteur film de Duncan Jones, le fils de David Bowie qui n’aime peut-être pas qu’on le rappelle constamment et qui n’a depuis pas fait grand-chose, suit les aventures d’un homme vivant seul sur une station lunaire chargée d’extraire des ressources énergétiques nécessaires à la Terre. Un film sobre, beau, et tout en non-dits.

Europa Report – Sebastián Cordero (2013)

Souvent oublié, ce film sympathique raconte la première expédition habitée vers la fascinante lune de Jupiter, Europe, afin d’y chercher une éventuelle vie extraterrestre. La scène de descente vers la surface est magistrale !

Interstellar – Christopher Nolan (2014)

Produit par le physicien américain Kip Thorne, Interstellar mélange de la pure hard-SF à une histoire intime entre un père et sa fille, aux prises avec les effets étranges de la Relativité générale. Avec en guest star un sublime trou noir, qui n’aura jamais été aussi bien représenté au cinéma.

Coherence – James Ward Byrkit (2014)

La hard-SF s’invite à la maison : dans ce huis-clos à tout petit budget dont les dialogues sont largement improvisés, des amis qui se retrouvent lors d’un dîner doivent faire face aux étranges effets du passage d’une comète à proximité de la Terre. Au menu : mécanique quantique et multivers…

Seul sur Mars – Ridley Scott (2015)

Encore l’adaptation d’un roman, en l’occurrence écrit par Andy Weir. Un bel éloge à l’ingénierie, aux techniques, à l’inventivité de l’homme, à la science en général. Et qui donne furieusement envie d’aller enfin poser le pied sur Mars, fût-ce pour y rester coincé !

Premier Contact – Denis Villeneuve (2016)

Là encore, il s’agit d’une adaptation, cette fois d’une nouvelle de Ted Chiang, L’Histoire de ta vie, issue du recueil La Tour de Babylone. Synopsis : d’étranges vaisseaux extraterrestres se posent sur Terre. Gentils, belliqueux ? Pour le déterminer, il va bien falloir tenter de communiquer. Un surprenant mélange de linguistique et de SF.

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Les mystères d’Europe /2021/07/03/les-mysteres-deurope/ /2021/07/03/les-mysteres-deurope/#respond Sat, 03 Jul 2021 17:20:51 +0000 http://dans-la-lune.fr/?p=2354 C’est une petite lune à la surface abîmée, qui fascine la science-fiction depuis plusieurs décennies déjà. Europe, quels mystères caches-tu ? Les amours de Jupiter En 1610, depuis l’université de Padoue, avec sa formidable lunette, Galilée découvre quatre mondes qui orbitent autour de Jupiter. Le savant florentin y voit une confirmation du modèle héliocentrique : tous les […]

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C’est une petite lune à la surface abîmée, qui fascine la science-fiction depuis plusieurs décennies déjà. Europe, quels mystères caches-tu ?

Les amours de Jupiter

En 1610, depuis l’université de Padoue, avec sa formidable lunette, Galilée découvre quatre mondes qui orbitent autour de Jupiter. Le savant florentin y voit une confirmation du modèle héliocentrique : tous les astres ne tournent pas autour de la Terre, comme l’avait expliqué auparavant Copernic ! C’est en plus un coup porté aux opposants à ce modèle, qui affirmaient qu’il était étrange que la Lune tournât autour de la Terre et tous les autres astres autour du Soleil.

Dans son Sidereus Nuncius, Galilée écrit :

Maintenant, en effet, nous n’avons plus une seule Planète tournant autour d’une autre pendant que deux parcourent un grand orbe autour du Soleil, mais notre perception nous offre quatre étoiles errantes, tandis que toutes poursuivent ensemble avec Jupiter, en l’espace de douze ans, un grand orbe autour du Soleil.

L’astronome allemand Simon Marius, qui découvre quasiment en même temps que Galilée ces nouveaux astres (et s’attribue d’ailleurs leur découverte), propose de les nommer d’après la Mythologie plutôt que par une simple désignation numérique :

Jupiter est accusé par les poètes d’amours des plus illicites ; trois jeunes femmes vierges sont surtout mentionnées, car Jupiter fut saisi et possédé d’un amour caché pour elles, à savoir Io, fille du Fleuve Inachos, ensuite Callisto fille de Lycaon, et enfin Europe fille d’Agénor.

Europa’s Fractured Surface (crédits : NASA / JPL)

De ces femmes qui orbitent autour de Jupiter, on ne saura rien durant des siècles : elles se résument à de pâles petits points invisibles à l’œil nu. Il faudra attendre en fait que la merveilleuse ingénierie humaine lui permette de s’aventurer au-delà des frontières de sa planète pour enfin pouvoir les observer. La couse à l’espace à laquelle se livrent les Etats-Unis et l’Union Soviétique après la Seconde guerre mondiale permet aux techniques de progresser et aux horizons de l’homme de reculer. Les sondes du programme Voyager de la NASA, lancées en 1977 (et d’ailleurs toujours actives aujourd’hui) et chargées d’explorer les planètes extérieures du Système solaire, rapportent des images et des données étonnantes de leur épopée. L’homme découvre enfin à quoi ressemblent précisément ces mondes si proches et si lointains : ils sont beaux, surprenants, variés, hostiles, absolument fascinants. Les deux sondes Voyager passeront à proximité d’Europe, mais en passant à moins de 250 000 kilomètres de sa surface, Voyager 2 fournira les images les plus étonnantes. L’une d’entre elles est appelée Europa’s Fractured Surface, soit La surface fracturée d’Europe. Quel autre nom aurait-on pu lui donner ? Une multitude de lignes parcourt Europe en tous sens, comme des petits nerfs, preuves d’une activité géologique intense. Et aucun impact météorique ne semble apparaître, au contraire de la surface de Callisto par exemple.

Une quinzaine d’années plus tard, la sonde Galileo, chargée d’étudier Jupiter et ses lunes, rapporte des images encore plus précises de la surface d’Europe. Sur les photos de Voyager, un pixel équivalait à deux kilomètres de la surface d’Europe, et à seulement six mètres sur certaines des images à haute-résolution les plus précises de Galileo !

(crédits : NASA / JPL / Kevin M. Gill)

Les fractures d’Europe

Cette surface si particulière est pourtant la plus lisse de tout le Système solaire. Point de montagnes, et peu de cratères. Composée majoritairement de glace, cette surface rappelle par bien des aspects les banquises polaires terrestres. Elle comporte en outre une multitude de structures géologiques diverses. Il y a bien sûr ces lignes, très abondantes, dont certaines mesurent plusieurs centaines de kilomètres et d’autres sont beaucoup plus réduites, tandis que leur hauteur ne dépasse pas la centaine de mètres. Le plus souvent, ce sont des doubles lignes de part et d’autre d’une vallée centrale, un peu à la manière des talus au bord des routes. Parfois, elles réalisent de curieux arcs de cercle réguliers.

A plus petite échelle, on remarque aussi des plaines, des dômes, des blocs de taille variable, et aussi quelques cratères, dont certains ont été en partie comblés par de la glace fraîche.

Vue rapprochée de la surface d’Europe. (crédits : NASA / JPL-Caltech)

Pourquoi la surface d’Europe est-elle ainsi abîmée par de telles balafres ? Plusieurs hypothèses ont été proposées. La plus séduisante parle d’un effet similaire à celui de la tectonique des plaques que nous connaissons sur Terre. Deux couches se chevaucheraient en fait à la surface d’Europe. La première serait mince, froide et composée de plusieurs plaques solides. La seconde, en-dessous, serait plus chaude. Les premières s’enfonceraient dans les secondes, par subduction. Reste une interrogation : sur Terre, ces plaques sont composées de roches. Ce n’est évidemment pas le cas sur Europe. Comment les plaques de la surfaces réussissent-elles à rester suffisamment denses pour ne pas stopper ce phénomène de subduction ? Un modèle informatique publié en décembre 2017 par une équipe de l’Université Brown (Etats-Unis) apporte une piste de solution : du sel venu de l’océan, dans les profondeurs d’Europe, vient ajouter de la densité à ces plaques, permettant au phénomène de subduction de se produire.

Brandon Johnson, auteur principal de cette étude, explique :

Il est fascinant de penser que nous pourrions avoir une tectonique des plaques ailleurs que dans la Terre. […] En pensant du point de vue de la planétologie comparative, si nous pouvons maintenant étudier la tectonique des plaques dans cet endroit très différent, cela pourrait nous aider à comprendre comment la tectonique des plaques a commencé sur la Terre.

La tectonique des plaques sur Europe (source : NASA / Noah Kroese / I.NK)

Le grand bleu

Un océan ? Rien de nouveau : dès septembre 1979, une étude en suggérait la présence sous la surface d’Europe. Il serait situé à quelques dizaines de kilomètres au-dessous de la surface, s’étendrais sur 80 à 170 kilomètres de profondeur, et présente plusieurs particularités tout à fait intéressantes.

Déjà, il serait composé d’eau salée. Et c’est ce sel, comme expliqué plus haut, qui permettrait au phénomène de subduction de se produire. Ensuite, des observations du télescope spatial Hubble ont montré en 2016 que des geysers de vapeur d’eau, venus tout droit de cet océan, pénètrent jusqu’à la surface en se frayant un chemin à travers la glace, et s’élèvent à plus de 200 kilomètres d’altitude ! Autrement dit, des échantillons d’eau sont accessibles à une future sonde…

Enfin, cet océan serait en contact direct avec le manteau silicaté, composé de roches, qui entoure le noyau de fer d’Europe. Ce n’est pas le cas des océans des autres lunes des géantes gazeuses comme Titan, Encélade ou Ganymède, où l’on suppose que l’océan est isolé du manteau silicaté par une épaisse couche de glaces de haute pression. Un cas unique à ce jour dans le Système solaire, et qui fait d’Europe un excellent candidat à la recherche d’éventuelles traces de vie extraterrestre…

Il était une fois la vie

Cheminée hydrothermale

L’étude des extrêmophiles, des organismes capables de supporter des conditions extrêmes sur Terre (températures, pression…), est utile en exobiologie. Si la vie est capable d’apparaître et de se développer dans de telles conditions sur Terre, pourquoi ne l’aurait-elle pas fait ailleurs, dans des conditions similaires ? Nous savons désormais que la vie n’a pas nécessairement besoin de la lumière du Soleil : certains organismes dits chimiotrophes peuvent ainsi se développer dans les grands fonds marins, où ils tirent leur énergie de molécules inorganiques. C’est le cas par exemple de l’écosystème qui vit à proximité des cheminées hydrothermales, avec la présence de bactéries, de vers, voire même, là où les températures sont un peu plus tièdes, des poulpes et des poissons abyssaux !

De tels cheminées existeraient-elles sur Europe ? C’est probable, et c’est ce qui fait d’Europe le meilleur candidat pour héberger une vie extraterrestre dans le Système solaire. Soyons réalistes : il ne s’agira sans doute pas d’un océan aussi foisonnant en vie que ceux de la Terre. Mais qui sait quels genres de créatures peuvent nager là-bas, dans l’obscurité, sous une épaisse couche de glace ? Des bactéries, des vers, des crustacés, des poissons, des organismes plus complexes peut-être, ou bien absolument rien ?

Missions à venir

Bref, c’est absolument fascinant, et il va falloir y aller pour tirer tout ça au clair. L’idée de forer la croûte de la glace pour atteindre l’océan semble ambitieuse pour le moment : sur la base de Vostok, en Antarctique, le forage n’atteint pour l’instant que 3 623 mètres… Et évidemment, c’est une chose de le faire sur Terre et une autre de le faire sur une lune située à une distance moyenne de 670 100 kilomètres ! En tout cas, la NASA a déjà développé un concept de sous-marin prêt à s’aventurer dans les profondeurs d’Europe. Peut-être d’ici la fin du siècle ?

En attendant, heureusement, deux autres missions sont prévues, l’une par l’ESA, l’Agence spatiale européenne, et l’autre par la NASA. Elles devraient toutes deux êtres lancées au début de la prochaine décennie, si tout va bien.

De quoi s’agit-il ? D’un côté, la mission JUICE (pour Jupiter Icy Moon Explorer) de l’ESA, qui prévoit d’envoyer une sonde chargée d’étudier trois lunes glacées de Jupiter : Callisto, Europe et Ganymède. Parmi les objectifs principaux figurent l’étude de leurs océans et leur potentielle habitabilité.

De son côté la NASA, après plusieurs projets avortés, planche sur une sonde appelée Europa Clipper et chargée notamment de confirmer la présence de l’océan et de déterminer la composition de son eau. L’envoi d’un atterrisseur avait été évoqué par le passé, mais est désormais jugé comme trop risqué : Clipper servira donc de mission de reconnaissance à un potentiel futur atterrisseur.

« Une aventure vers un monde-océan » (crédits : NASA)

Deux missions extrêmement enthousiasmantes, qui devraient arriver à destination au tout début de la décennie 2030, peut-être un peu avant dans le cas d’Europa Clipper.

L’exploration spatiale est source de fascination autant que de frustration. Ces objets qui aujourd’hui nous semblent si proches sont en réalité si lointains qu’il ne faut guère espérer plus d’une ou deux missions spatiales qui y parviendront d’ici la fin de ma vie et sans doute également la vôtre. Consolons-nous donc grâce à la science-fiction et surtout les sublimes photos rapportées par les sondes, ces miracles de l’ingénierie humaine !

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Devs – la somme des possibles /2021/06/25/devs-la-somme-des-possibles/ /2021/06/25/devs-la-somme-des-possibles/#respond Fri, 25 Jun 2021 17:41:59 +0000 http://dans-la-lune.fr/?p=2343 Prudence : cet article révèle des éléments de l’intrigue ! Si les mots suivants vous parlent – multivers, physique quantique, transhumanisme, intelligence artificielle – alors la minisérie en huit épisodes Devs est faite pour vous ! Le démon de Laplace Dans l’épisode-pilote de Devs, Sergueï, un brillant ingénieur travaillant pour la firme Amaya, spécialisée dans l’informatique […]

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Prudence : cet article révèle des éléments de l’intrigue !

Si les mots suivants vous parlent – multivers, physique quantique, transhumanisme, intelligence artificielle – alors la minisérie en huit épisodes Devs est faite pour vous !

Le démon de Laplace

Dans l’épisode-pilote de Devs, Sergueï, un brillant ingénieur travaillant pour la firme Amaya, spécialisée dans l’informatique quantique, est recruté pour travailler dans le service recherche et développement (surnommé Devs), qui suscite bien des fantasmes parmi les salariés. A l’issue de sa première journée, après avoir découvert une partie des recherches troublantes menées dans ce département, Sergueï disparaîtra brutalement. La série suivra dès lors l’enquête de sa petite amie, Lily Chan, qui doute de la version des faits fournie par les enquêteurs qui lui expliquent, preuve à l’appui, que Sergueï s’est donné la mort.

De loin, Devs, la nouvelle série d’Alex Garland (réalisateur d’Ex-Machina et d’Annihilation) pourrait ressembler à un très long épisode de Black Mirror. On y retrouve l’ambiance froide et clinique qui a fait le succès de la série britannique, ainsi que la critique des dérives de nos technologies numériques. Les grandes start-up de la Silicon Valley au discours volontiers utopique et qui sont devenues avec les années des monstres à la volonté démiurgique, en prennent pour leur grade. Sorte de thriller de science-fiction se déroulant dans un futur proche, Devs va toutefois beaucoup plus loin en n’hésitant pas à aborder de profondes questions métaphysiques, le tout sublimé par une réalisation de haute volée (mention spéciale à la photographie classe et épurée, ainsi qu’aux musiques qui mélangent chants grégoriens et musique électronique).

Ambitieuse, réaliste, Devs va piocher dans la physique quantique pour aborder de nombreux thèmes fascinants, parmi lesquels la question des multivers, l’hypothèse de simulation, et bien sûr le déterminisme. Quelle place pour le libre-arbitre de l’homme dans un univers où le mouvement de chaque particule peut-être prédit grâce à la technologie ?

En ce sens, toute l’idée derrière la technologie présentée dans Devs peut finalement être résumée à la fameuse phrase de Pierre-Simon de Laplace, d’ailleurs citée dans l’épisode 7 (et faussement attribuée par l’un des personnages à Shakespeare) :

Une intelligence qui, à un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d’ailleurs elle était suffisamment vaste pour soumettre ces données à l’analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l’univers et ceux du plus léger atome ; rien ne serait incertain pour elle, et l’avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux.

L’interprétation des mondes multiples

En réponse au problème de la mesure en mécanique quantique, Devs choisit une hypothèse audacieuse, confirmée par son scénario mais aussi par quelques scènes visuellement impressionnantes : l’interprétation des mondes multiples de Hugh Everett.

Erwin Shrödinger

En mécanique quantique, un objet – par exemple une particule – peut se retrouver dans deux états ou deux positions à la fois. C’est la mesure, l’observation, qui viendra déterminer l’état de l’objet. Le célèbre paradoxe du chat de Schrödinger illustre cette étrangeté contre-intuitive de la manière suivante. Le physicien autrichien Erwin Shrödinger (1887 – 1961) a proposé de mettre un chat dans une boîte avec un dispositif qui casse une fiole de poison dès qu’est détecté la désintégration d’une particule. Or, selon les lois de la mécanique quantique, tant que la particule n’a pas été observée (mesurée), elle se trouve simultanément dans l’état désintégré et dans l’état non désintégré. Donc le chat est à la fois vivant et mort. Et c’est au moment où l’observateur ouvre la boîte que l’état de la particule est déterminé, et donc que le chat est vivant ou mort.

Le physicien américain Hugh Everett (1930 – 1982) a proposé en réponse que l’Univers bifurque lorsque la particule est observée, qu’il se scinde en deux : dans l’un, le chat est mort, dans l’autre, il est vivant. Il n’y a pas en soi de problème de mesure, mais simplement une multitude d’univers dans lesquels chaque particule a un état bien déterminé.

Les conséquences sont absolument vertigineuses : il existerait une infinité d’univers parallèles qui se créent à partir de chaque résultat de mesure quantique. Une infinité d’univers avec une infinité de copies de nous-mêmes vivant des existences complètement différentes, ou très fortement similaires à celle que nous vivons quotidiennement. Dès lors, plus de place pour le hasard, pour l’aléatoire, pour le choix, pour le libre-arbitre. Dans une infinité d’univers, vous êtes déjà morts, dans une infinité d’autres, vous êtes encore vivants, et vous avez pris toutes les décisions que vous avez choisi de ne pas prendre, dans cet univers. Dans un nombre incalculable d’univers, vous êtes mort, dans un autre, vous n’êtes jamais né. Dans un autre, vous n’avez pas cliqué sur cet article. Dans un autre, vous n’avez pas regardé Devs.

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Podcast #10 – Les combinaisons spatiales /2021/03/30/podcast-10-les-combinaisons-spatiales/ /2021/03/30/podcast-10-les-combinaisons-spatiales/#respond Tue, 30 Mar 2021 15:35:03 +0000 http://dans-la-lune.fr/?p=2325 Quand on pense aux technologies développées pour permettre à l’homme d’aller dans l’espace, on pense aux lanceurs et aux navettes spatiales plus qu’aux combinaisons, c’est vrai. Pourtant, elles sont évidemment indispensables, et l’histoire de leur développement va de pair avec celle de l’exploration spatiale. Mettez-vous sur votre 31, suit up, on embarque ! Pour télécharger […]

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Quand on pense aux technologies développées pour permettre à l’homme d’aller dans l’espace, on pense aux lanceurs et aux navettes spatiales plus qu’aux combinaisons, c’est vrai. Pourtant, elles sont évidemment indispensables, et l’histoire de leur développement va de pair avec celle de l’exploration spatiale. Mettez-vous sur votre 31, suit up, on embarque !

Pour télécharger cet épisode au format mp3, cliquez ici.
Et n’hésitez pas à vous abonner sur iTunes et nous laisser une note ou un commentaire !

Et par avance, désolé du son qui grésille un peu par moment…

Les combinaisons spatiales

On revient avec Iza sur l’histoire du développement des combinaisons spatiales, sur les combinaisons les plus connues, et celles que nous réserve l’avenir…

Quelques liens de sujets évoqués :

  • La première sortie extravéhiculaire de l’histoire, par Alexei Leonov
  • Retour sur Saliout et l’histoire tragique de son premier équipage
  • L’accident de Luca Parmitano, en 2013
  • Un docu (en anglais) sur la prochaine génération de combinaisons spatiales de la NASA
  • Et le docu Arte Thomas Pesquet : se préparer au voyage sur Mars, qui parle à 1h17 de la Biosuit

Le point culturel

Pour ma part, je vous recommande chaudement le jeu-vidéo A Plague Tale. Et Isabelle nous parle du jeu de société The Crew, et des belles illustrations anachroniques de Ben Kalow, Medieval Space Race.

crédits musicaux :
HOME – Hold
Hank Levy – Whiplash

crédits illustrations : Les Fasces Nébulées

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