{"id":855,"date":"2017-12-26T19:56:28","date_gmt":"2017-12-26T18:56:28","guid":{"rendered":"http:\/\/dans-la-lune.fr\/?p=855"},"modified":"2018-04-05T18:16:55","modified_gmt":"2018-04-05T17:16:55","slug":"oumuamua-visiteur-venu-dailleurs","status":"publish","type":"post","link":"http:\/\/dans-la-lune.fr\/2017\/12\/26\/oumuamua-visiteur-venu-dailleurs\/","title":{"rendered":"Oumuamua – Un visiteur venu d’ailleurs"},"content":{"rendered":"

Parfois, un \u00e9v\u00e9nement inattendu vient troubler la s\u00e9r\u00e9nit\u00e9 des ballets auxquels se livrent les objets c\u00e9lestes. Ainsi de cet objet interstellaire venu nous rendre visite,\u00a0Oumuamua, apportant avec lui son lot d’hypoth\u00e8ses, de conjectures et de fantasmes… Oumuamua, qui es-tu donc ?<\/em><\/p>\n

Le messager<\/strong><\/p>\n

Le 19 octobre 2017, un \u00e9trange objet est rep\u00e9r\u00e9 dans le ciel par l’astronome Robert Weryk, \u00e0 l’aide du t\u00e9lescope Pan-STARRS1<\/a> de Hawa\u00ef. Alors situ\u00e9 \u00e0 pr\u00e8s de 33 millions de kilom\u00e8tres de la Terre, il n’est d\u00e9j\u00e0 plus qu’un tout petit point que l’on prend d’abord pour une com\u00e8te. Une com\u00e8te d’un genre tout particulier : elle vient en effet du milieu interstellaire.<\/p>\n

Plusieurs t\u00e9lescopes pointent alors leurs objectifs sur le visiteur, \u00e0 la suite de quoi un article est publi\u00e9 dans la revue Nature<\/em><\/a>, intitul\u00e9 \u00ab\u00a0Une br\u00e8ve visite d’un ast\u00e9ro\u00efde interstellaire rouge et extr\u00eamement allong\u00e9.\u00a0\u00bb En fait, tout est d\u00e9j\u00e0 r\u00e9sum\u00e9 dans le titre. Car il ne s’agit pas d’une com\u00e8te mais bien d’un ast\u00e9ro\u00efde, puisqu’il ne contient pas de chevelure – ce halo compos\u00e9 de gaz et de poussi\u00e8re qui entoure le noyau des com\u00e8tes. Sa couleur est rouge, peut-\u00eatre parce qu’il a \u00e9t\u00e9 bombard\u00e9 par des rayons cosmiques, ou qu’il contient des \u00e9l\u00e9ments organiques. Sa forme est inhabituelle : il mesure 180 m\u00e8tres de long pour 30 de large, si bien qu’il est rapidement compar\u00e9 \u00e0 un cigare.<\/p>\n

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Oumuamua, observ\u00e9 ici par le t\u00e9lescope William Herschel, est ce petit point au centre de l’image.
(cr\u00e9dits : A Fitzsimmons, Queen\u2019s University Belfast\/Isaac Newton Group, La Palma)<\/figcaption><\/figure>\n

L’ast\u00e9ro\u00efde interstellaire se voit \u00e9galement affubl\u00e9 d’un nom : Oumuamua, un mot hawa\u00efen particuli\u00e8rement bien choisi signifiant \u00ab\u00a0L’\u00e9claireur.\u00a0\u00bb Son nom complet, tel que d\u00e9cid\u00e9 par l’Union astronomique internationale<\/a> (qui est charg\u00e9 de d\u00e9finir la nomenclature des objets c\u00e9lestes, est 1I\/2017 U1 (\u02bbOumuamua). La lettre I, nouvellement introduite, fait tout simplement r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 sa nature interstellaire. Oumuamua est un objet pionnier. Pour la premi\u00e8re fois, l’homme d\u00e9tecte \u00e0 sa proximit\u00e9 un objet venu d’un autre Syst\u00e8me solaire que le sien.<\/p>\n

Mais comment sait-on qu’il provient bien d’un autre Syst\u00e8me solaire ? A cause de son orbite. Davide Farnocchia, astronome \u00e0 la NASA, explique dans un article<\/a> du site EarthSky :<\/p>\n

C’est l’orbite la plus extr\u00eame que j’ai jamais vu. Elle va tr\u00e8s vite, et sur une telle trajectoire que nous pouvons affirmer avec confiance que cet objet est en chemin pour quitter le Syst\u00e8me solaire et ne plus jamais revenir.<\/p><\/blockquote>\n

Oumuamua est un messager venu du syst\u00e8me solaire Vega<\/a>, dans la constellation de la Lyre, \u00e0 pr\u00e8s de 25 ann\u00e9es-lumi\u00e8re de la Terre. Son excentricit\u00e9 orbitale est de 1.20, la plus forte valeur jamais enregistr\u00e9e. En fait, l’excentricit\u00e9 orbitale<\/a> d\u00e9crit tout simplement la forme d’une orbite d’un objet c\u00e9leste. Lorsque sa valeur est de z\u00e9ro, l’orbite est un cercle. A plus de 1, l’orbite est dite hyperbolique : l’objet n’est plus attach\u00e9 \u00e0 l’\u00e9toile ou \u00e0 la plan\u00e8te autour duquel il orbite. Oumuamua est donc d’abord attir\u00e9 par le Soleil, s’en approche au plus pr\u00e8s le 9 septembre avant d’en \u00eatre \u00e9ject\u00e9 \u00e0 la vitesse de 44 kilom\u00e8tres par seconde, un peu \u00e0 la mani\u00e8re d’un poids lanc\u00e9 par un athl\u00e8te. Le 1er <\/sup> novembre, Oumuamua approche Mars. Il passera \u00e0 proximit\u00e9 de Jupiter en mai 2018, Saturne en janvier 2019, et Neptune en 2022. Sa vitesse diminuera progressivement, et Oumuamua mettra pr\u00e8s de 20 000 ans pour quitter l’h\u00e9liosph\u00e8re, aux confins de notre Syst\u00e8me solaire. De toute fa\u00e7on, depuis la mi-d\u00e9cembre, Oumuamua est invisible aux yeux m\u00eames de nos t\u00e9lescopes les plus performants, \u00e9tant trop petit et trop rapide.<\/p>\n

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Le voyage d’Oumuamua dans notre Syst\u00e8me solaire.<\/figcaption><\/figure>\n

Rendez-vous avec Rama<\/strong><\/p>\n

Parfois, le cosmos offre de bien curieuses r\u00e9sonances entre l’art et la science. Oumuamua rappelle un autre visiteur interstellaire, issu d’une \u0153uvre de science-fiction de l’auteur am\u00e9ricain Arthur C. Clarke<\/a> (l’homme derri\u00e8re le roman 2001, l’Odyss\u00e9e de l’espace<\/em>),\u00a0Rendez-vous avec Rama<\/em>, paru en 1973.<\/p>\n

Les similitudes sont \u00e0 premi\u00e8re vue assez troublantes :<\/p>\n