{"id":675,"date":"2017-05-02T14:29:43","date_gmt":"2017-05-02T13:29:43","guid":{"rendered":"http:\/\/dans-la-lune.fr\/?p=675"},"modified":"2018-04-05T17:45:54","modified_gmt":"2018-04-05T16:45:54","slug":"missions-viking-life-on-mars","status":"publish","type":"post","link":"http:\/\/dans-la-lune.fr\/2017\/05\/02\/missions-viking-life-on-mars\/","title":{"rendered":"Missions Viking : Life on Mars ?"},"content":{"rendered":"
Mars, d\u2019apparence st\u00e9rile, demeure malgr\u00e9 tout l\u2019\u00e9ternel refuge \u2013 avec certaines lunes de Saturne et Jupiter \u2013 de ceux qui r\u00eavent \u00e0 la possibilit\u00e9 d\u2019une vie extraterrestre au sein du Syst\u00e8me Solaire. Dans les ann\u00e9es 70 les missions Viking proposaient, au travers de plusieurs exp\u00e9rience, de d\u00e9tecter les traces \u00e9ventuelles d\u2019une vie microscopique. Sans succ\u00e8s. Vraiment\u00a0? Une hypoth\u00e8se controvers\u00e9e, d\u00e9fendue par quelques chercheurs, pr\u00e9tend pourtant le contraire.<\/em><\/p>\n En qu\u00eate de vie<\/strong><\/p>\n Dans la qu\u00eate fascinante de la vie extraterrestre, Mars a toujours gard\u00e9 une place particuli\u00e8re. Parce qu’elle est, apr\u00e8s V\u00e9nus, notre plus proche voisine. Parce qu’elle alimente depuis toujours les r\u00e9cits de science-fiction. Parce que l’histoire scientifique regorge de th\u00e9ories et d’espoirs d\u00e9\u00e7us sur ses Martiens, parmi lesquels :<\/p>\n Aujourd’hui, c’est entendu, aucune civilisation intelligente n’habite sur Mars. Mais qu’en est-il d’\u00e9ventuelles formes de vie primitives ? Nul ne saurait apporter une r\u00e9ponse d\u00e9finitive.\u00a0C’est d’ailleurs en partie pour cette raison que la plan\u00e8te rouge accapare une grande partie des budgets d\u00e9di\u00e9s \u00e0 l’exploration spatiale (en particulier ceux de la NASA), au d\u00e9triment de Mercure ou de V\u00e9nus, jug\u00e9es d\u00e9finitivement inhospitali\u00e8res.<\/p>\n Ainsi, depuis les ann\u00e9es 60, une vingtaine d’objets humains se sont approch\u00e9s avec succ\u00e8s de Mars (sur, tout de m\u00eame, plus de cinquante essais\u00a0!), dont 3 atterrisseurs et 5 rovers. Certaines missions pionni\u00e8res sont entr\u00e9es dans l\u2019histoire, au risque parfois de d\u00e9cevoir les ardeurs terrestres. Ainsi, Mariner 4<\/a>, en 1964, d\u00e9voile un monde aride, d\u00e9nu\u00e9 de toute v\u00e9g\u00e9tation, contrairement \u00e0 ce que laissaient entendre certains chercheurs. Une d\u00e9cennie plus tard, deux missions particuli\u00e8rement ambitieuses, Viking et Viking 2<\/a>, sont charg\u00e9es de cartographier Mars gr\u00e2ce \u00e0 un orbiteur, et de poser deux atterrisseurs qui sont entre autre charg\u00e9s de d\u00e9tecter une \u00e9ventuelle forme de vie primitive.<\/p>\n Les deux missions Viking sont un succ\u00e8s. Les orbiteurs photographient la quasi-int\u00e9gralit\u00e9 de la surface de Mars, tandis que les atterrisseurs \u00e9tudient notamment la composition atmosph\u00e9rique. Mars d\u00e9voile peu \u00e0 peu ses myst\u00e8res. Et la vie ? La communaut\u00e9 scientifique retient d’abord son souffle : les r\u00e9sultats semblent positifs. Avant d’\u00eatre d\u00e9mentis par une seconde exp\u00e9rience.<\/p>\n Mais selon une hypoth\u00e8se controvers\u00e9e, les r\u00e9sultats de ces exp\u00e9rience seraient \u00e0 revoir, notamment \u00e0 l’aune de nos connaissances actuelles de la plan\u00e8te rouge.<\/p>\n L’exp\u00e9rience de la vie<\/strong><\/p>\n Labeled Release. C’est donc le nom de ces fameuses exp\u00e9riences. En quoi consistent-t-elles ? En fait, les deux atterrisseurs ont chacun collect\u00e9 un \u00e9chantillon du sol martien, dans lequel ils ont inject\u00e9 une solution aqueuse contenant divers nutriments. L’action d’\u00e9ventuels micro-organismes, en m\u00e9tabolisant ces nutriments, pourrait produire des \u00e9missions de m\u00e9thane ou de dioxyde de carbone.<\/p>\n Le premier \u00e9chantillon fut collect\u00e9 \u00e0 l’air libre, et le second sous un caillou, \u00e0 pr\u00e8s de 6 500 kilom\u00e8tres de distance. Les deux r\u00e9sultats sont positifs : du dioxyde de carbone radioactif est rep\u00e9r\u00e9, ce qui serait une preuve de la m\u00e9tabolisation des nutriments. C’est une surprise, d’autant plus qu’une exp\u00e9rience pr\u00e9c\u00e9dente, appel\u00e9e GC-MS (chromatographie en phase gazeuse-spectrom\u00e9trie de masse en fran\u00e7ais) et charg\u00e9e de d\u00e9tecter et d’identifier les diff\u00e9rents composants du sol martien, n’a rep\u00e9r\u00e9 aucune mol\u00e9cule organique.<\/p>\n L’exp\u00e9rience Labeled Release est donc r\u00e9it\u00e9r\u00e9e une semaine plus tard, sans donner de r\u00e9sultats concluants. Pour la majorit\u00e9 des chercheurs, un biais a fauss\u00e9 les premiers r\u00e9sultats. L’une des hypoth\u00e8ses en vigueur explique que le sol de Mars \u00e9tant continuellement expos\u00e9 aux rayons ultraviolets du Soleil (car elle n’est pas prot\u00e9g\u00e9e, comme la Terre, par une couche d’ozone), elle est recouverte d’une fine couche oxydante. Au contact des nutriments, cette couche aurait d\u00e9gag\u00e9 un peu de dioxyde de carbone. Purement chimique, et nullement biologique, donc.<\/p>\n Par ailleurs, en ao\u00fbt 2008, le rover Phoenix de la NASA a d\u00e9couvert dans le sol martien du perchlorate<\/a>, un oxydant. Une exp\u00e9rience<\/a>\u00a0r\u00e9alis\u00e9e en 2013 en irradiant de rayons gamma des perchlorates a permis de reproduire les r\u00e9sultats positifs de l’exp\u00e9rience Labeled Release.<\/p>\n Tout porte donc \u00e0 croire \u00e0 un faux positif. La communaut\u00e9 scientifique est presque unanime : non, les missions Viking n’ont pas d\u00e9tect\u00e9 de vie. Presque, car cette conclusion est critiqu\u00e9e par une minorit\u00e9 de chercheurs qui explique que oui, nous avons bien d\u00e9couvert de la vie sur Mars il y a de cela pr\u00e8s de quarante ans.<\/p>\n Les grandes connaissances engendrent les grands doutes<\/strong><\/p>\n Gilbert Levin et Patricia Ann Straat font partie des t\u00eates pensantes derri\u00e8re les exp\u00e9riences Labeled Released (LR). En 1997, ils expliquent leur point de vue dans un livre du scientifique am\u00e9ricain Barry E. DiGregorio, Mars\u00a0: The Living Planet.<\/a>\u00a0<\/em>Ils pensent avoir d\u00e9couvert une vie extraterrestre. Ne faut-il y voir que la d\u00e9ception puis l\u2019acharnement de ceux qui ont cru un instant \u00eatre entr\u00e9s dans l\u2019histoire\u00a0? N\u2019est-ce que le d\u00e9ni d\u2019un homme et d’une femme trop obstin\u00e9s\u00a0? Non pas, car c\u2019est seulement en 1997 qu’ils sont parvenus \u00e0 cette conclusion, apr\u00e8s avoir longtemps cru la th\u00e9orie officielle. Le d\u00e9bat est alors relanc\u00e9.<\/p>\n Nous croyons que ces r\u00e9sultats apportent un soutien consid\u00e9rable \u00e0 la conclusion que les exp\u00e9riences LR ont effectivement d\u00e9tect\u00e9 une vie microbienne existante sur Mars.<\/p><\/blockquote>\n Apr\u00e8s les missions Viking, l\u2019int\u00e9r\u00eat que portent les agences spatiales \u00e0 Mars a largement d\u00e9cru. La guerre spatiale que se livrent les Etats-Unis et l\u2019Union Sovi\u00e9tique s\u2019oriente vers d\u2019autres int\u00e9r\u00eats, avec des objectifs moins risqu\u00e9s et moins co\u00fbteux. Et puis, \u00e0 quoi bon axer toute la recherche sur un monde st\u00e9rile et d\u00e9sol\u00e9\u00a0?<\/p>\n Gr\u00e2ce aux nombreuses missions qui ont suivies le retour en gr\u00e2ce de Mars depuis les ann\u00e9es 2000, notre connaissance de la plan\u00e8te rouge s\u2019est affin\u00e9e. Et les d\u00e9couvertes r\u00e9centes n\u2019infirment pas la possibilit\u00e9 d\u2019une vie pass\u00e9e et m\u00eame pr\u00e9sente (il faut le dire, certes, avec beaucoup d\u2019optimisme). En 2004, des traces de m\u00e9thane<\/a> ont \u00e9t\u00e9 d\u00e9tect\u00e9es dans l\u2019atmosph\u00e8re martienne. Compos\u00e9 organique, le m\u00e9thane\u00a0 est sur Terre produit \u00e0 90% par des organismes vivants. La dur\u00e9e de vie de ce gaz \u00e9tant en outre comprise entre 300 \u00e0 600 ans, il a donc \u00e9t\u00e9 produit r\u00e9cemment et n\u2019est pas issu d\u2019une source d\u2019activit\u00e9 ancienne. Par quoi\u00a0? C\u2019est la question. Diff\u00e9rentes hypoth\u00e8ses<\/a> ont \u00e9t\u00e9 propos\u00e9es, elles seront \u00e9tudi\u00e9es plus en d\u00e9tail lors de la mission ExoMars<\/a> de l\u2019Agence Spatiale Europ\u00e9enne (compos\u00e9e d\u2019un orbiteur lanc\u00e9 en 2016, de l\u2019atterrisseur Schiaparelli qui s\u2019est \u00e9cras\u00e9 suite \u00e0 une faille dans sa proc\u00e9dure de freinage, et d\u2019un rover pr\u00e9vu pour 2020). La plus enthousiasmante \u00e9voque des organismes extr\u00eamophiles<\/a>, similaires \u00e0 ceux que l\u2019on retrouve sur Terre, qui seraient apparus lorsque les conditions martiennes \u00e9taient plus favorables \u00e0 l\u2019\u00e9mergence et au d\u00e9veloppement de la vie, et auraient surv\u00e9cu depuis.<\/p>\n C’est au regard de ces d\u00e9couvertes que Gilbert Levin et Patricia Ann Straat sont revenus \u00e0 nouveau sur les exp\u00e9riences LR dans un article<\/a> publi\u00e9 par la revue Astrobiology en 2016. Leur point de vue n’a \u00e9videmment pas chang\u00e9, bien au contraire. D’apr\u00e8s eux, la science a prouv\u00e9 que l’environnement que l’on croyait autrefois si hostile de Mars n’est pas formellement incompatible avec la vie telle qu’on la conna\u00eet.<\/p>\n\n
En 2012, une \u00e9quipe de chercheurs men\u00e9e par le biologiste italien Giorgio Bianciardi publie une \u00e9tude<\/a> sur les r\u00e9sultats des missions Viking (en collaboration avec Gilbert Levin), issue de plusieurs ann\u00e9es de travaux d’analyse. Le mod\u00e8le math\u00e9matique d\u00e9velopp\u00e9 par Bianciardi est en mesure de distinguer un \u00e9v\u00e9nement physico-chimique d’un processus de m\u00e9tabolisation. Et la conclusion de leurs travaux est \u00e9loquente :<\/p>\n