{"id":2501,"date":"2022-02-18T17:39:51","date_gmt":"2022-02-18T16:39:51","guid":{"rendered":"https:\/\/dans-la-lune.fr\/?p=2501"},"modified":"2022-02-20T09:07:45","modified_gmt":"2022-02-20T08:07:45","slug":"la-mission-martienne-de-wernher-von-braun","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/dans-la-lune.fr\/2022\/02\/18\/la-mission-martienne-de-wernher-von-braun\/","title":{"rendered":"La mission martienne de Wernher von Braun"},"content":{"rendered":"\n
Dans les ann\u00e9es 50, l\u2019homme s\u2019est soudainement dit qu\u2019il n\u2019\u00e9tait plus suffisant de lever les yeux vers les \u00e9toiles ; il fallait s\u2019y rendre. L\u2019incroyable \u00e9pop\u00e9e qui a suivi a culmin\u00e9 avec les premiers pas de l\u2019homme sur la Lune, en 1969. L\u2019objectif suivant semble alors tout trouv\u00e9 : Mars, la plan\u00e8te la plus proche de la Terre. Un objectif atteignable, pense le pionnier de l\u2019exploration spatiale, Wernher von Braun, qui con\u00e7oit un programme pr\u00e9voyant d\u2019envoyer l\u2019homme sur Mars au tout d\u00e9but des ann\u00e9es 80. Retour sur un r\u00eave qui n\u2019est toujours pas devenu r\u00e9alit\u00e9.<\/em><\/p>\n\n\n\n Un Mars, et \u00e7a repart<\/strong><\/p>\n\n\n\n Comment ne pas \u00eatre enthousiaste ? La course \u00e0 l\u2019espace, cette rivalit\u00e9 qui opposa les Etats-Unis et l\u2019Union Sovi\u00e9tique au sortir de la seconde guerre mondiale dans tous les domaines \u2013 mais pas sur les champs de bataille, a dessin\u00e9 de nouveaux horizons pour l\u2019humanit\u00e9. Pensez donc : entre le lancement du premier satellite artificiel, Spoutnik, et les premiers pas de l\u2019homme sur la Lune, lors de la mission Apollo 11, douze ann\u00e9es seulement se sont \u00e9coul\u00e9es ! Entre temps, l\u2019homme aura aussi eu le temps de survoler V\u00e9nus et Mars, et dans les ann\u00e9es qui suivront, il mettra en orbite une station spatiale (Saliout 1, en 1971), posera une sonde sur V\u00e9nus et Mars (Venera 7, en 1970, et Mars 2, en 1971), et survolera Jupiter (Pioneer 10, 1973), entre autres\u2026<\/p>\n\n\n\n C\u2019est donc clair : l\u2019avenir de l\u2019homme est dans l\u2019espace. Et apr\u00e8s la Lune, quel meilleur objectif que Mars ? En ao\u00fbt 1969, Wernher Von Braun, l\u2019un des p\u00e8res de la fus\u00e9e Saturn V, pionnier \u00e9minemment controvers\u00e9 de l\u2019exploration spatiale, envisage les premiers pas de l\u2019homme sur Mars pour l\u2019ann\u00e9e 1981. Apr\u00e8s tout, c\u2019\u00e9tait d\u00e9j\u00e0 lui qui, en 1952, avait r\u00e9alis\u00e9 la premi\u00e8re \u00e9tude technique d\u2019une mission habit\u00e9e vers la plan\u00e8te rouge. L\u2019objectif semble donc bien plus atteignable apr\u00e8s le triomphe d\u2019Apollo 11.<\/p>\n\n\n\n Dans une pr\u00e9sentation<\/a> au Space Task Group<\/a><\/em>, le groupe de travail mis en place par le pr\u00e9sident Richard Nixon pour concevoir le futur du programme spatial am\u00e9ricain, Von Braun d\u00e9taille son plan, forc\u00e9ment ambitieux mais, pr\u00e9cise-t-il d\u00e8s l\u2019introduction, pas plus que celui qui visait \u00e0 faire marcher l\u2019homme sur la Lune, envisag\u00e9 d\u00e8s le d\u00e9but des ann\u00e9es 60 et consacr\u00e9 par le fameux discours<\/a> de Kennedy \u00e0 Houston, en septembre 1962. Le pr\u00e9sident am\u00e9ricain expliquait alors que l\u2019Am\u00e9rique choisissait d\u2019aller sur la Lune, \u00ab\u00a0non pas parce que c\u2019est facile, mais bien parce que c\u2019est difficile.\u00a0\u00bb<\/p>\n\n\n\n Mars pr\u00e9sente un int\u00e9r\u00eat majeur. Alors que la Lune est un corps st\u00e9rile, d\u00e9sert, Mars suscite encore de nombreux fantasmes quant \u00e0 la question de la vie extraterrestre (et en suscite toujours, d\u2019ailleurs, la question n\u2019\u00e9tant toujours pas officiellement tranch\u00e9e). Von Braun explique :<\/p>\n\n\n\n Peut-\u00eatre que la question scientifique la plus importante est celle de la possibilit\u00e9 d’une vie extraterrestre dans notre Syst\u00e8me solaire. Une mission plan\u00e9taire habit\u00e9e offre l’opportunit\u00e9 de r\u00e9soudre cette question universelle.<\/p><\/blockquote>\n\n\n\n Von Braun pr\u00e9voit une mission de deux ans, d\u00e9compos\u00e9e comme suit :<\/p>\n\n\n\n Pour des raisons de s\u00e9curit\u00e9, Von Braun envisage le lancement de deux vaisseaux identiques \u00e0 propulsion nucl\u00e9aire, chacun accueillant un \u00e9quipage de six astronautes – ou jusqu\u2019\u00e0 douze en cas de probl\u00e8me sur l\u2019un des deux vaisseaux.<\/p>\n\n\n\n On le comprend \u00e0 la lecture de la pr\u00e9sentation : une telle mission r\u00e9utilise forc\u00e9ment de nombreux \u00e9l\u00e9ments du programme Apollo, \u00e0 commencer par les lanceurs Saturn V, les plans de mises en orbite, et l\u2019utilisation du module d\u2019exploration. Von Braun int\u00e8gre aussi son programme dans les d\u00e9veloppements en cours et \u00e0 venir en 1969 \u2013 sa mission martienne r\u00e9utilise des \u00e9l\u00e9ments du programme Shuttle, des missions Viking et Voyager, d\u2019une potentielle future station spatiale en orbite lunaire, et d\u2019une base \u00e0 sa surface.<\/p>\n\n\n\n Il \u00e9crit :<\/p>\n\n\n\n Le point culminant et logique de la prochaine d\u00e9cennie est l’atterrissage de l\u2019homme sur Mars en 1981. [\u2026] En plus de servir de point central pour la prochaine d\u00e9cennie, l’atterrissage sur Mars en 1981 est le seuil de l’exploration plan\u00e9taire habit\u00e9e des ann\u00e9es 1980.<\/p><\/blockquote>\n\n\n\n Von Braun estime qu\u2019\u00e0 la fin de la d\u00e9cennie, si son programme et ceux qui le pr\u00e9c\u00e8dent sont men\u00e9s \u00e0 bien, 100 hommes pourraient se trouver simultan\u00e9ment dans l\u2019orbite terrestre basse, et 48 \u00e0 la surface de la Lune de Mars.<\/p>\n\n\n\n Quarante ans plus tard, faut-il vraiment le pr\u00e9ciser, nous n\u2019en sommes pas l\u00e0, loin de l\u00e0, et nous n\u2019y serons peut-\u00eatre m\u00eame pas de notre vivant. Alors que s\u2019est-il pass\u00e9 ?<\/p>\n\n\n\n Mission failed<\/strong><\/p>\n\n\n\n Et bien c\u2019est simple : le programme a \u00e9t\u00e9 consid\u00e9r\u00e9 par le pr\u00e9sident Nixon mais n\u2019a malheureusement pas \u00e9t\u00e9 retenu, au profit du d\u00e9veloppement de la future navette spatiale. Contrari\u00e9, Von Braun quitte la NASA en 1972, pour rejoindre une entreprise a\u00e9ronautique priv\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n Le contexte, \u00e9videmment, n\u2019a pas aid\u00e9. A partir du milieu des ann\u00e9es 70, la course \u00e0 l\u2019espace, \u00e9videmment remport\u00e9e par les Am\u00e9ricains suite au succ\u00e8s des missions Apollo, peut \u00eatre consid\u00e9r\u00e9e comme termin\u00e9e. Les budgets de la NASA sont diminu\u00e9s \u2013 alors que le programme de Von Braun pr\u00e9voyait de le doubler ; l\u2019agence spatiale am\u00e9ricaine est focalis\u00e9e sur l\u2019exploration non habit\u00e9e de l\u2019espace (les sondes Voyager en sont le meilleur exemple) et sur le d\u00e9veloppement de la navette spatiale, apr\u00e8s en avoir \u00e9galement r\u00e9duit les co\u00fbts de d\u00e9veloppement. L\u2019int\u00e9r\u00eat du grand public pour l\u2019espace s\u2019estompe peut-\u00eatre un peu aussi. En 1981, l\u2019homme ne marche pas sur Mars, n\u2019est jamais retourn\u00e9 sur la Lune, et la navette spatiale Columbia effectue seulement son premier vol.<\/p>\n\n\n\n